De 2007 à 2022
L |
’arène
vibre depuis de nombreuses années sous des événements grandioses. Des combats
de lutte qui ont vraiment marqué les esprits, vu les antagonistes en présence
et la qualité des duels disputés.
Retour sur ces cinq (5) événementiels qui ont eu lieu dans l’arène de 2007 à nos jours.
22
juillet 2007: Un Tigre était né
Ibrahima Dione (Gris Bordeaux) de l’écurie Fass
avait vraiment tapé dans l’œil des amateurs et des promoteurs que lorsqu’il avait
battu Bombardier de Mbour le 22 juillet 2007 au stade Demba Diop. Un combat
monté par le promoteur Petit Mbaye d’Action 2000. Mais 7 mois plus tôt, il
avait plié Lac de Guiers 1 (Walo), un coriace de la même génération que Tapha
Guèye (Fass), chef de file de Gris Bordeaux. Mais c’est vraisemblablement après
le sacre devant le B52 qu’il a vraiment pris son réel envol et hérité de
l’appellation de 3ème Tigre de Fass avant son intronisation. Pour
revenir sur le choc, il faudra noter que Demba Diop était plein à craquer. Mais
il a fallu un simple geste de tirage de Nguimb
pour voir Bombardier glisser sur le gazon et s’écrouler devant Gris Bordeaux
agenouillé.
Événement grandiose piloté par le groupe Action
2000 du promoteur Petit Mbaye, grand faiseur de champions, Roi de
l’événementiel, véritable Don King de l’arène à l’époque. C’est Action 2000
sous l’impulsion de Petit Mbaye qui montait les combats les plus significatifs
de l’époque même si les Gaston Mbengue, Luc Nicolaï, Khadim Fall
Productions, Alpha Samb, Serigne Modou Niang, Palla Mbengue,
Ndèye Ndiaye Tyson et bien d’autres apportaient également leurs pierres à
l’édification de la lutte. A cette époque, Petit Mbaye était incontestablement
le Maître du jeu.
Modou
Lô remporte le 1er CLAF
L’histoire retiendra que c’est le promoteur Gaston
Mbengue qui a initié pour la première fois, un championnat de lutte avec frappe
(CLAF) au Sénégal. Par ailleurs, il avait fait un petit essai en 2006 sous
l’appellation de mini-championnat qui avait enregistré l’éclosion des champions
comme Balla Gaye 2 (école de lutte Balla Gaye), Lac 2 (Walo), Tapha Tine (Baol
Mbollo), Issa Pouye (Thiaroye-sur-Mer), Zoss (Door Dooraat), Bathie (Guinaw
Rails), Balla Diouf (Fass), Boy Sèye (Pikine Mbollo).Mais c’est en passant de
mini-championnat à championnat en 2007-2008, que Gaston Mbengue a commencé à
ratisser large et à véritablement remplacer Petit Mbaye (Action 2000) qui avait
eu des problèmes et s’était exilé en Europe. Ce tout premier championnat
regroupait 44 lutteurs repartis en 11 poules. Jamais, de mémoire d’homme, un
promoteur n’avait eu telle idée. Les compétions éclatées animaient les régions
du Sénégal. De Dakar à Tambacounda, c’était l’effervescence. Le nom de Gaston
Mbengue était scandé partout. Il était devenu le nouveau Don King de l’arène.
Ces compétitions du CLAF avaient abouti aux finales entre Modou Lô et Boy Kaïré
(Soumbédioune) d’une part, Soulèye Dop (Sine Saloum) et Moussa Dioum (Sakku Xam
Xam) d’autre part. Modou Lô et Soulèye Dop avaient pris le meilleur sur leur
vis-à-vis respectivement par des KO.
Cette idée de Gaston Mbengue à créer un
championnat à cette période, était très novatrice et cadrait avec la politique
du pays quant à l’absorption du chômage et constituait aussi un frein contre la
migration clandestine vers l’hypothétique Eldorado qu’est l’Europe (Barça ou Barsakh).
Les cachets passent le cap des 100 millions de FCFA
Tyson de Boul Faalé,
l’ancien chouchou de l’arène avait été sanctionné par le CNG de lutte pour
avoir contesté et quitté l’aire du duel contre Bombardier de Mbour le 7 janvier
2007. Une longue sanction assortie de 7 millions de francs CFA retenus sur son
cachet. Très amer, il avait préféré quitter l’arène pour faire autre chose.
Mais avec l’avènement de Gaston Mbengue qui a fait de la lutte un vrai
business, les tractations ont fini par aboutir au retour du chef de file de la
génération Boul Faalé. En cette même période, la bataille des promoteurs entre
Gaston Mbengue et Luc Nicolaï faisait rage. Chacun était prêt à tout pour être
le plus vu, le plus grand. Si bien que Gaston Mbengue qui s’était associé à
d’autres promoteurs pour décrier et combattre la flambée des cachets dans
l’’arène, a fini par se dédire. Alors qu’eux tous s’accordaient à plafonner (30
ou 40 millions au plus), Gaston Mbengue contre toute attente, décaisse plus de
100 millions pour le retour de Tyson contre Yékini (Ndakaru) le Roi des arènes.
Yakhya Diop aurait reçu 100 et Tyson 120 millions.
Mais il faudra aussi retenir
que la barre des 100 millions pour un seul combat avait été pour la première
fois franchie à cette époque par Gaston Mbengue. Un duel où le Baobab de
Bassoul avait encore terrassé Tyson pour la Nième fois au stade Léoplod Sédar
Senghor. C’était un événement inoubliable.
Balla Gaye bat
Modou Lô: Et la ferveur retomba
Ces deux jeunes lutteurs avaient atteint un niveau de
compétitivité et de notoriété qui les forçait à se croiser. Trop de
provocations, trop d’agressions, trop d’invectives, la banlieue bouillonnait à
tout moment. Même pour des combats qui ne les engageaient pas, les supporters
de Balla Gaye 2 et Modou Lô occasionnaient les violences dans les stades. Le
promoteur Luc Nicolaï a fini par décrocher ce derby de la banlieue. Lutteurs
les plus populaires du pays, ce n’était pas une mince affaire. Là également, le
promoteur avait cassé sa tirelire pour satisfaire les exigences des
combattants. Le choc a eu lieu le 21 mars 2010 à Demba Diop. Il a vu la belle
victoire du Lion de Guédiawaye sur le Roc qui encaissait ainsi sa toute
première défaite après avoir remporté le Championnat de lutte avec frappe.
Balla Gaye 2 était le roi de la banlieue. Il avait été éminemment supérieur à
son adversaire sur tous les plans. Il l’avait battu dans tous les compartiments
du combat. Cette ferveur qui alimentait les débats, qui occasionnait des
batailles de tranchées entre supporters, s’est estompée avec cette victoire du
Lion.
Cette date avait également marqué les esprits car le
coté organisationnel avait été à la hauteur de l’événement avec ces feux
d’artifices qui ont encerclé les combattants pendant quelques minutes avant le
coup d’envoi.
Balla Gaye 2 le plus jeune Roi des arènes à 26 ans
Cest encore Luc Nicolaï
& Co qui avait décroché ce combat prestigieux. Il mettait aux prises 2
lutteurs de générations différentes et de styles différents également. Yékini
qui avait régné 8 ans comme Roi et qui était resté 15 ans invaincu, avait fait
le vide autour de lui. Bombardier, Tyson, Baboye, Tapha Guèye etc, il les avait
tous balayés. Certains avaient même été terrassés 3 fois de suite. Il avait par
la suite fait une promenade de santé face à Gris Bordeaux de Fass qu’il a
laminé facilement. Le fassois était réellement le premier jeune lutteur d’une
génération différente. Balla Gaye 2 était le 2ème.
Ce rendez-vous de l’arène
était l’un des plus mémorables de ces 15 dernières années de par son enjeu et
sa haute sportivité. Car si Yékini avait régné sans partage parmi ceux de sa
génération, Balla Gaye 2 avait fait autant et ne voulait que titiller la haute
sphère. Tout avait été dit sur ce combat. Les signatures de contrats et autres
face-à-face émaillés parfois par des violences inouïes. Yékini sous haute
pression, puisqu’ à chacune de ses sorties, certains voulaient le voir perdre.
S’il était battu, il y aurait une autre recomposition dans l’arène, une autre
nomenclature.
Et le jour fatidique
arriva.
Balla Gaye 2 était le
premier à mettre les pieds à Demba Diop vers 14 heures. Une heure inhabituelle.
Yékini arriva à son heure habituelle, vers 15, 16 heures. Et dès que le coup
d’envoi fut donné par l’arbitre central, tout le stade était glacé. Tout le
public avait retenu son souffle. Et après quelques minutes, suite à la chute
historique de Yékini sur le côté droit comme l’avait prédit une célèbre diseuse
de bonne aventure, c’était le déchaînement, le déferlement de toutes sortes de
lamentations. Qui pour pleurer, qui pour se réjouir. Le Baobab de Bassoul avait
été déraciné. Yékini n’était donc pas un dieu !
Mamadou Koné, New-York-City (USA)
Sunu Lamb N°4818 du samedi 12 février 2022)
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