13 février 2022

Top 5 des plus grands événements de lutte

De 2007 à 2022


L

’arène vibre depuis de nombreuses années sous des événements grandioses. Des combats de lutte qui ont vraiment marqué les esprits, vu les antagonistes en présence et la qualité des duels disputés.

Retour sur ces cinq (5) événementiels qui ont eu lieu dans l’arène de 2007 à nos jours.

22 juillet 2007: Un Tigre était né

Ibrahima Dione (Gris Bordeaux) de l’écurie Fass avait vraiment tapé dans l’œil des amateurs et des promoteurs que lorsqu’il avait battu Bombardier de Mbour le 22 juillet 2007 au stade Demba Diop. Un combat monté par le promoteur Petit Mbaye d’Action 2000. Mais 7 mois plus tôt, il avait plié Lac de Guiers 1 (Walo), un coriace de la même génération que Tapha Guèye (Fass), chef de file de Gris Bordeaux. Mais c’est vraisemblablement après le sacre devant le B52 qu’il a vraiment pris son réel envol et hérité de l’appellation de 3ème Tigre de Fass avant son intronisation. Pour revenir sur le choc, il faudra noter que Demba Diop était plein à craquer. Mais il a fallu un simple geste de tirage de Nguimb pour voir Bombardier glisser sur le gazon et s’écrouler devant Gris Bordeaux agenouillé.

Événement grandiose piloté par le groupe Action 2000 du promoteur Petit Mbaye, grand faiseur de champions, Roi de l’événementiel, véritable Don King de l’arène à l’époque. C’est Action 2000 sous l’impulsion de Petit Mbaye qui montait les combats les plus significatifs de l’époque même si les Gaston Mbengue, Luc Nicolaï, Khadim Fall Productions, Alpha Samb, Serigne Modou Niang, Palla Mbengue, Ndèye Ndiaye Tyson et bien d’autres apportaient également leurs pierres à l’édification de la lutte. A cette époque, Petit Mbaye était incontestablement le Maître du jeu.

Modou Lô remporte le 1er CLAF

L’histoire retiendra que c’est le promoteur Gaston Mbengue qui a initié pour la première fois, un championnat de lutte avec frappe (CLAF) au Sénégal. Par ailleurs, il avait fait un petit essai en 2006 sous l’appellation de mini-championnat qui avait enregistré l’éclosion des champions comme Balla Gaye 2 (école de lutte Balla Gaye), Lac 2 (Walo), Tapha Tine (Baol Mbollo), Issa Pouye (Thiaroye-sur-Mer), Zoss (Door Dooraat), Bathie (Guinaw Rails), Balla Diouf (Fass), Boy Sèye (Pikine Mbollo).Mais c’est en passant de mini-championnat à championnat en 2007-2008, que Gaston Mbengue a commencé à ratisser large et à véritablement remplacer Petit Mbaye (Action 2000) qui avait eu des problèmes et s’était exilé en Europe. Ce tout premier championnat regroupait 44 lutteurs repartis en 11 poules. Jamais, de mémoire d’homme, un promoteur n’avait eu telle idée. Les compétions éclatées animaient les régions du Sénégal. De Dakar à Tambacounda, c’était l’effervescence. Le nom de Gaston Mbengue était scandé partout. Il était devenu le nouveau Don King de l’arène. Ces compétitions du CLAF avaient abouti aux finales entre Modou Lô et Boy Kaïré (Soumbédioune) d’une part, Soulèye Dop (Sine Saloum) et Moussa Dioum (Sakku Xam Xam) d’autre part. Modou Lô et Soulèye Dop avaient pris le meilleur sur leur vis-à-vis respectivement par des KO.

Cette idée de Gaston Mbengue à créer un championnat à cette période, était très novatrice et cadrait avec la politique du pays quant à l’absorption du chômage et constituait aussi un frein contre la migration clandestine vers l’hypothétique Eldorado qu’est l’Europe (Barça ou Barsakh).

Les cachets passent le cap des 100 millions de FCFA

Tyson de Boul Faalé, l’ancien chouchou de l’arène avait été sanctionné par le CNG de lutte pour avoir contesté et quitté l’aire du duel contre Bombardier de Mbour le 7 janvier 2007. Une longue sanction assortie de 7 millions de francs CFA retenus sur son cachet. Très amer, il avait préféré quitter l’arène pour faire autre chose. Mais avec l’avènement de Gaston Mbengue qui a fait de la lutte un vrai business, les tractations ont fini par aboutir au retour du chef de file de la génération Boul Faalé. En cette même période, la bataille des promoteurs entre Gaston Mbengue et Luc Nicolaï faisait rage. Chacun était prêt à tout pour être le plus vu, le plus grand. Si bien que Gaston Mbengue qui s’était associé à d’autres promoteurs pour décrier et combattre la flambée des cachets dans l’’arène, a fini par se dédire. Alors qu’eux tous s’accordaient à plafonner (30 ou 40 millions au plus), Gaston Mbengue contre toute attente, décaisse plus de 100 millions pour le retour de Tyson contre Yékini (Ndakaru) le Roi des arènes. Yakhya Diop aurait reçu 100 et Tyson 120 millions.

Mais il faudra aussi retenir que la barre des 100 millions pour un seul combat avait été pour la première fois franchie à cette époque par Gaston Mbengue. Un duel où le Baobab de Bassoul avait encore terrassé Tyson pour la Nième fois au stade Léoplod Sédar Senghor. C’était un événement inoubliable.

Balla Gaye bat Modou Lô: Et la ferveur retomba

Ces deux jeunes lutteurs avaient atteint un niveau de compétitivité et de notoriété qui les forçait à se croiser. Trop de provocations, trop d’agressions, trop d’invectives, la banlieue bouillonnait à tout moment. Même pour des combats qui ne les engageaient pas, les supporters de Balla Gaye 2 et Modou Lô occasionnaient les violences dans les stades. Le promoteur Luc Nicolaï a fini par décrocher ce derby de la banlieue. Lutteurs les plus populaires du pays, ce n’était pas une mince affaire. Là également, le promoteur avait cassé sa tirelire pour satisfaire les exigences des combattants. Le choc a eu lieu le 21 mars 2010 à Demba Diop. Il a vu la belle victoire du Lion de Guédiawaye sur le Roc qui encaissait ainsi sa toute première défaite après avoir remporté le Championnat de lutte avec frappe. Balla Gaye 2 était le roi de la banlieue. Il avait été éminemment supérieur à son adversaire sur tous les plans. Il l’avait battu dans tous les compartiments du combat. Cette ferveur qui alimentait les débats, qui occasionnait des batailles de tranchées entre supporters, s’est estompée avec cette victoire du Lion.

Cette date avait également marqué les esprits car le coté organisationnel avait été à la hauteur de l’événement avec ces feux d’artifices qui ont encerclé les combattants pendant quelques minutes avant le coup d’envoi.

Balla Gaye 2 le plus jeune Roi des arènes à 26 ans

Cest encore Luc Nicolaï & Co qui avait décroché ce combat prestigieux. Il mettait aux prises 2 lutteurs de générations différentes et de styles différents également. Yékini qui avait régné 8 ans comme Roi et qui était resté 15 ans invaincu, avait fait le vide autour de lui. Bombardier, Tyson, Baboye, Tapha Guèye etc, il les avait tous balayés. Certains avaient même été terrassés 3 fois de suite. Il avait par la suite fait une promenade de santé face à Gris Bordeaux de Fass qu’il a laminé facilement. Le fassois était réellement le premier jeune lutteur d’une génération différente. Balla Gaye 2 était le 2ème.

Ce rendez-vous de l’arène était l’un des plus mémorables de ces 15 dernières années de par son enjeu et sa haute sportivité. Car si Yékini avait régné sans partage parmi ceux de sa génération, Balla Gaye 2 avait fait autant et ne voulait que titiller la haute sphère. Tout avait été dit sur ce combat. Les signatures de contrats et autres face-à-face émaillés parfois par des violences inouïes. Yékini sous haute pression, puisqu’ à chacune de ses sorties, certains voulaient le voir perdre. S’il était battu, il y aurait une autre recomposition dans l’arène, une autre nomenclature.

Et le jour fatidique arriva.

Balla Gaye 2 était le premier à mettre les pieds à Demba Diop vers 14 heures. Une heure inhabituelle. Yékini arriva à son heure habituelle, vers 15, 16 heures. Et dès que le coup d’envoi fut donné par l’arbitre central, tout le stade était glacé. Tout le public avait retenu son souffle. Et après quelques minutes, suite à la chute historique de Yékini sur le côté droit comme l’avait prédit une célèbre diseuse de bonne aventure, c’était le déchaînement, le déferlement de toutes sortes de lamentations. Qui pour pleurer, qui pour se réjouir. Le Baobab de Bassoul avait été déraciné. Yékini n’était donc pas un dieu !

Mamadou Koné, New-York-City (USA)

Sunu Lamb N°4818 du samedi 12 février 2022)

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