Tyson : Le Révolutionnaire, le chantre du Sport-Business

Mouhamed Ndao alias Tyson (Boul Faalé)

D

ans notre série d’icône à la Une, nous parlerons aujourd’hui de Mouhamed Ndao Tyson, lui qui a révolutionné l’arène en y apportant l’esprit du Sport-business. Il a apporté un style nouveau, il a fait des émules, il a marqué son époque et sortira comme sont sortis tous les grands champions avant lui : par la petite porte. Mais l’histoire retiendra de ce Gladiateur des temps nouveau, l’esprit du sport-business qu’il a inculqué à certains en faisant monter les cachets qui passèrent de 300 mille à 100 millions (environs 200.000 dollars) pour un seul combat de lutte.

 Un Phénomène est né

«Partir de zéro pour atteindre les sommets», telle était la philosophie que prônait Tyson en dedans et en dehors de l’arène. Et durant tout son parcours dans la lutte, sa carrière gravitait autour de cette soif de réussir si bien qu’il en a fait un slogan : La Génération Boul Faalé.

La nature l’ayant doté d’un beau physique, Mouhamed Ndao avait vraiment la gueule de l’emploi. Sur ses 1m99 pour 135 kg, il lorgnait tous ses adversaires avec ce regard guerrier. Un véritable phénomène venu de Kaolack. Et le 31 juillet 1995, battant son premier adversaire du nom de Nguèye Loum, il écrira durant 20 ans, une autre page de l’histoire de la lutte sénégalaise.

Longue carrière de 20 ans : 17 combats effectués

Il avait déjà commencé à flirter avec la lutte, mais ce n’est qu’en 1995, il en fit un sport professionnel. Du 31 juillet 1995 au 3 mai 2015 où il quittera le milieu, Mouhamed Ndao Tyson a mené un total de 17 combats et signera 11 victoires contre 7 défaites. Il faut rappeler qu’à leur époque, les promoteurs ne couraient pas les rues et les combats ne se montaient pas aussi rapidement comme aujourd’hui. En ces 20 ans de présence dans l’arène, il a fait des merveilles. Il a d’abord surclassé les jeunes combattants de sa génération avant de s’imposer face aux aînés qui faisaient la pluie et le beau temps dans le Guèw. Corpulent avec un corps d’Apollon, il avait apporté son propre style à l’américaine qui charmait amateurs, promoteurs, hommes de média et même commerciaux qui voulaient tous le voir s’exprimer, le voir exécuter sa danse majestueuse avant de terrasser l’adversaire de fort belle manière. Bon bagarreur fin technicien, il avait plusieurs cordes à son arc pour sortir victorieux de tous les combats. Il commença à réclamer des sommes faramineuses de 40 à 50 millions de francs.

25 décembre 2002 : Papa Noël et la Chicotte

A l’instar de tous les grands dans tous les domaines, Tyson finira par croiser quelqu’un de plus fort que lui car l’on n’est jamais fort pour rester le plus fort. Et ce jour de Noël, 25 décembre 2002, un autre jeune homme avec un physique de baroudeur se dressa devant lui. Il se nommait Sérigne Dia alias Bombardier le B52 de Mbour. L’homme à la frappe lourde. Ce jour, le père Noël a plutôt remis une chicotte à Bombardier qui s’en servit pour matraquer Mouhamed Ndao. Un lourd coup de poing d’une charge pondérale de 100 kg est venu s’écraser sur le front de Tyson qui se retrouva sur son séant. Première défaite. Il était du coup démystifié et le même Bombardier le battra une seconde fois le 7 janvier 2007, tant et si bien qu’il se retirera le 3 mai 2015 sur un autre KO perpétré par Gris Bordeaux de Fass, totalisant ainsi 7 défaites. Première défaite par KO et dernière défaite sur KO.

Bourreaux des anciens

Lorsqu’il était encore dans l’arène, il était reproché à Tyson de n’avoir battu que des vieux. Mais un regard en arrière prouvera qu’il fallait qu’il passât par là pour bien établir son règne puisque ce sont ces mêmes «Vieux» qui faisaient la loi à l’époque. C’est ainsi que 4 mois après avoir vaincu Cheikh Mbaba (30 juin 1996), il commença l’hécatombe des «Vieux». C’est Alioune Sèye qui passera à la trappe le 7 octobre 1996. Le 7 mars 1997, le Puncheur Mohamed Aly sera bastonné et terrassé. Le 19 avril 1998, il épinglera Toubabou Dior avec une vitesse d’exécution incroyable puisque Feu Toubabou Dior était également un cogneur. Il ne lui laissera pas le temps de s’exprimer. Le 4 juillet 1999, il détrônera Manga II le Roi des arènes avec la même vitesse d’exécution qu’il avait utilisée pour confondre Toubabou Dior. Il clôturera la série de l’holocauste des «Vieux» avec 2 victoires sur le colosse Mor Fadam qu’il clouera au pilori le 7 octobre 2000 et le 7 juillet 2001.

Les cachets atteignent 100 millions

Comme son charme et son style ne laissent personne indifférent, Tyson, le chantre du sport business n’a cessé de réclamer plus. Il passera 3 ans en dehors de l’arène suite à son sakki face à Bombardier de Mbour le 7 janvier 2007. Mais sera l’objet d’une convoitise incroyable par les promoteurs qui bataillant dans l’arène après le départ de Petit Mbaye, chacun voulant coûte que coûte être le Maître du jeu, le King de l’arène. C’est ainsi que Gaston Mbengue, cassa sa tirelire, cracha sur l’accord du collectif des promoteurs qui prévoyaient le plafonnement des cachets à 30 millions, pour monter le duel qui ramena Tyson dans l’arène après sa sanction du CNG. D’aucuns disent qu’il avait perçu 120 millions contre 100 pour son adversaire Yékini. Une chose est sûre, le cap des 100 millions était passé. Tyson était encore celui qui avait occasionné cela. Et le 4 avril 2010, lors du 50^ème anniversaire de la commémoration de l’indépendance du Sénégal, Mouhamed Ndao revenait dans l’arène face à Yakhya Diop le Roi incontesté. Le Baobab de Bassoul le surclassa une seconde fois après la déroute du 1^er janvier 2006.

Ce qu’il faudra retenir de Tyson, c’est que de par son charme, son charisme et son esprit de business, il a su faire aimer la lutte à des milliers de jeunes sénégalais et à d’autres jeunes des pays voisins qui ont appris à connaître vraiment le Sénégal que par la saga de Tyson qui fut un moment donné, une sorte de vitrine de la destination Sénégal. Tyson était aussi une icône parmi les icônes.

Par Mamadou Koné, New-York (USA)

 

Palmarès de Tyson (Boul Faalé)

11 victoires, 7 défaites

11 victoires

31 juillet 1995

Nguèye Loum

17 décembre 1996

Daouda Top

30 juin 1996

Cheikh Mbaba

7 octobre 1996

Alioune Sèye

7 mars 1997

Mohamed Aly

6 juillet 1997

Tapha Guèye

19 avril 1998

Toubabou Dior

4 juillet 1999

Manga II

7 octobre 2000

Mor Fadam

7 juillet 2001

Mor Fadam

30 mai 2004

Tapha Guèye

7 défaites

25 décembre 2002

Bombardier le bat

1^er janvier 2006

Yékini le bat

7 janvier 2007

Bombardier le bat encore (2^ème fois) par abandon

4 avril 2010

Yékini le bat encore (2^ème fois)

31 juillet 2011

Balla Gaye 2 le bat

3 mai 2015

Gris Bordeaux le bat