28 septembre 2021

Ces promoteurs appauvris et chassés de l’arène

Malversations financières et Cupidité

Les promoteurs Gaston Mbengue et Luc Nicolaï 

I

l faudra convenir que l’évolution de la lutte va de paire avec la volonté d’investir dans la lutte. Si certaines personnes appelées promoteurs n’investissaient pas dans notre sport national, il va de soi qu’il ne connaîtrait point l’explosion qu’il connaît aujourd’hui. Hélas, dans leur volonté de satisfaire et d’œuvrer pour ce sport, certains mécènes se sont compromis financièrement et ont dû quitter l’arène sur la pointe des pieds ou croupir en prison.

Petit Mbaye Action 2000 : L’exile en Europe

Le nom de Petit Mbaye rimait avec la lutte. Il symbolisait la fierté, la grandeur de notre sport national. Il a tout donné à ce sport. Il a crée des stars, il a aussi fait des émules dans le milieu. Mais il a dû quitter le milieu endetté comme pas possible. Il a même quitté le Sénégal pour échapper aux créanciers et à la prison, synonyme de déshonneur. Comment peut-on être si grand, avoir fait de si grandes choses et retomber aussi bas ? Le paradoxe est trop poignant.

Ce promoteur était le Maître du jeu dans les montages de combats. Il avait glané si large, avait mis la dragée si haute que les autres promoteurs avaient du mal à suivre. Il avait réduit en reliques des gens comme Gaston Mbengue, Luc Nicolaï, Serigne Modou Niang et bien d’autres qui évoluaient aussi dans le milieu. Petit Mbaye et Action 2000, montaient les combats les plus significatifs du pays à l’époque. Les duels Gris Bordeaux (Fass) / Lac de Guiers (Walo), Bombardier (Mbour) / Tyson (Boul Faalé), Gris Bordeaux (Fass) / Bombardier (Mbour) et bien d’autres chocs de qualité qui ont animé l’arène, enrichi les lutteurs et satisfait les amateurs. Mais à vouloir toujours faire mieux, à vouloir toujours décrocher les chocs les plus inédits, il finira par s’endetter pour satisfaire les Mbeurs. Petit Mbaye était tellement endetté qu’il a fui le pays pour se refugier en Europe, notamment en France pour échapper à la prison.

El Hadji Ndiaye Rose : Grillé par Tapha Guèye / Eumeu Sène

Un autre promoteur a fait les frais de son amour pour notre sport. Son cas est très cocasse. Il est le fils de Feu Doudou Ndiaye Rose, le célèbre tambour major. En effet El Hadji Ndiaye Rose, sans trop connaître le milieu, avait voulu lui aussi évoluer dans le milieu de la lutte en montant des combats prestigieux. Il n’avait certainement pas eu de conseillers. Il ignorait tout du montage d’un combat de lutte de ce niveau. Du coup, il avait entrepris de monter le choc Tapha Guèye (Fass) / Eumeu Sène (Boul Faalé). Il avait versé des millions aux lutteurs comme avance, mais s’était heurté à d’autres mesures administratives qui ont rendu infaisable ce projet tant attendu par les amateurs. Tapha Guèye avait même déjà organisé un tannbèr . Le drame est que le promoteur avait tout perdu. Il n’a même pu récupérer l’argent qu’il avait versé aux deux lutteurs qui l’ont gardé par devers eux et n’ont jamais lutté. Des millions en l’air. Il s’était certainement endetté lui aussi pour organiser cet événement. Hélas, El Hadj Ndiaye Rose, retournera d’où il était venu avec ce souvenir amer du montage de combat de lutte, de promoteur tout court.

Amadou Badiane : Charge trop lourde !

Celui-ci n’aura pas la chance de Petit Mbaye encore moins la discrétion d’El Hadj Ndiaye Rose dans la douleur et l’endettement. Il sera traqué par ses créanciers. Traîné devant les juridictions compétentes car endetté à mort. Lui aussi s’était lancé dans le montage des combats de haut niveau. Il rêvait lui aussi de hisser le sport national au firmament en le faisant connaître dans le monde entier. Si le Mixted Martial Arts (MMA) est une fierté pour les américains et autres occidentaux, Amadou Badiane avait aussi voulu voir la lutte à ce niveau.

Les amateurs se souviennent qu’il avait même organisé un choc le 8 juin 2013 à la salle omnisports de Paris-Bercy (France) avec l’opposition Bombardier (Mbour) / Baboye (Pulaar) en combat vedette.

Ce jour en combats préliminaires, l’on avait vu Elton (Balla Gaye) battre Bismi Ndoye (Soumbédioune), Super Etoile (Lanasar) prendre le dessus sur Assurance (Fass), Mame Balla (Pikine Mbollo) avait terrassé Pape Mor Lô (Sakku Xam Xam) et Youssou Ndour (Ndakaru) avait surclassé Matar Guèye (Lansar).

Par la suite, il essaya de mettre sur pied le combat Nar Touré (Maristes) / Juan Espino (Balla Gaye), mais ce fut un échec, car il était déjà financièrement agonisant.

Amadou Badiane n’avait pas les moyens de sa politique.

Il n’avait pas les reins financièrement solides et dû par la suite se ruiner lamentablement au point d’être traqué et écroué par les créanciers à Dakar.

Luc Nicolaï : Détruit par la bataille des promoteurs

Lui, il se faisait appeler le promoteur du continent. Lui et Gaston Mbengue le promoteur du Peuple, se livraient une lutte à mort dans le montage des combats de lutte. Chacun voulait montrer sa force de frappe financière au point que rien n’était bon, beau et grand pour les lutteurs. Les cachets sont graduellement passés de 20, 30, 50 à 100 millions au grand bonheur des lutteurs. Le mot lutteur VIP vient d’eux-mêmes. En catégorisant les Mbeurs, ils croyaient si bien faire que la rivalité qui les opposait ne faisait que s’aggraver. «Moi au moins, je n’utilise pas l’argent contre nature pour monter les combats» lançait Gaston Mbengue à son collègue. Effectivement, coopter des lutteurs comme Modou Lô, Gris Bordeaux, Balla Gaye 2, Lac 2, Tyson, Yékini étaient devenus de véritables montages financiers. Luc Nicolaï avait toujours voulu faire mieux, toujours se tailler la part du Lion. Il avait voulu être la super star dans le montage des combats les plus prestigieux. Par ailleurs les chocs Ama Baldé (Pikine Falaye Baldé) / Tapha Guèye 2 (Fass), Balla Gaye 2 (Balla Gaye) / Modou Lô (Rock Énergie), Balla Gaye 2 (Balla Gaye) / Yékini (Ndakaru) pour ne citer que ceux-là ont vu le jour grâce à Luc Nicolaï and Co sa structure de montage. Hélas le promoteur du Continent n’avait pas vraiment de l’argent comme il le faisait croire. Luc Nicolaï n’était pas riche. En clair, il était fauché. Mais passionné par son travail, il continuait. Et dû obligé de s’impliquer dans une affaire de drogue qui l’a conduit en prison. Libéré du fait d’une grâce Présidentielle, Le promoteur du Continent est toujours en course, mais très diminué, affaibli financièrement : Luc Nicolaï & Co n’a plus d’argent comme avant.

Le seul à ne pas connaître ce sort tragique des promoteurs est Gaston Mbengue. Il est certes endetté car il doit encore à certains lutteurs depuis son CLAF, mais sait lui au moins s’arrêter quand ça tourne au vinaigre.

Passion ou cupidité, il faudra noter que certains mécènes ont tout perdu à cause de la lutte au point d’être jetés eux aussi dans l’arrière-cour de la lutte comme anciennes Gloires paumées !

Mamadou Koné, New-York (USA)

Extrait de "Les Arènes"

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