Malversations financières et Cupidité
Les promoteurs Gaston Mbengue et Luc Nicolaï |
I |
l faudra convenir que l’évolution de la lutte va de paire avec la volonté d’investir dans la lutte. Si certaines personnes appelées promoteurs n’investissaient pas dans notre sport national, il va de soi qu’il ne connaîtrait point l’explosion qu’il connaît aujourd’hui. Hélas, dans leur volonté de satisfaire et d’œuvrer pour ce sport, certains mécènes se sont compromis financièrement et ont dû quitter l’arène sur la pointe des pieds ou croupir en prison.
Petit Mbaye Action 2000 : L’exile en Europe
Le nom de Petit Mbaye rimait avec la lutte. Il
symbolisait la fierté, la grandeur de notre sport national. Il a tout donné à
ce sport. Il a crée des stars, il a aussi fait des émules dans le milieu. Mais
il a dû quitter le milieu endetté comme pas possible. Il a même quitté le
Sénégal pour échapper aux créanciers et à la prison, synonyme de déshonneur.
Comment peut-on être si grand, avoir fait de si grandes choses et retomber
aussi bas ? Le paradoxe est trop poignant.
Ce promoteur était le Maître du jeu dans les montages
de combats. Il avait glané si large, avait mis la dragée si haute que les
autres promoteurs avaient du mal à suivre. Il avait réduit en reliques des gens
comme Gaston Mbengue, Luc Nicolaï, Serigne Modou Niang et bien d’autres qui
évoluaient aussi dans le milieu. Petit Mbaye et Action 2000, montaient les
combats les plus significatifs du pays à l’époque. Les duels Gris Bordeaux (Fass) / Lac de Guiers (Walo), Bombardier (Mbour) / Tyson (Boul
Faalé), Gris Bordeaux (Fass) /
Bombardier (Mbour) et bien d’autres chocs de qualité qui ont animé l’arène,
enrichi les lutteurs et satisfait les amateurs. Mais à vouloir toujours faire
mieux, à vouloir toujours décrocher les chocs les plus inédits, il finira par
s’endetter pour satisfaire les Mbeurs.
Petit Mbaye était tellement endetté qu’il a fui le pays pour se refugier en
Europe, notamment en France pour échapper à la prison.
El Hadji Ndiaye Rose : Grillé par Tapha Guèye / Eumeu Sène
Un autre promoteur a fait les frais de son amour pour
notre sport. Son cas est très cocasse. Il est le fils de Feu Doudou Ndiaye
Rose, le célèbre tambour major. En effet El Hadji Ndiaye Rose, sans trop
connaître le milieu, avait voulu lui aussi évoluer dans le milieu de la lutte en
montant des combats prestigieux. Il n’avait certainement pas eu de conseillers.
Il ignorait tout du montage d’un combat de lutte de ce niveau. Du coup, il
avait entrepris de monter le choc Tapha Guèye (Fass) / Eumeu Sène (Boul Faalé).
Il avait versé des millions aux lutteurs comme avance, mais s’était heurté à d’autres
mesures administratives qui ont rendu infaisable ce projet tant attendu par les
amateurs. Tapha Guèye avait même déjà organisé un tannbèr . Le drame est que le promoteur avait tout perdu. Il n’a
même pu récupérer l’argent qu’il avait versé aux deux lutteurs qui l’ont gardé
par devers eux et n’ont jamais lutté. Des millions en l’air. Il s’était
certainement endetté lui aussi pour organiser cet événement. Hélas, El Hadj
Ndiaye Rose, retournera d’où il était venu avec ce souvenir amer du montage de
combat de lutte, de promoteur tout court.
Amadou Badiane : Charge trop lourde !
Celui-ci n’aura
pas la chance de Petit Mbaye encore moins la discrétion d’El Hadj Ndiaye Rose
dans la douleur et l’endettement. Il sera traqué par ses créanciers. Traîné
devant les juridictions compétentes car endetté à mort. Lui aussi s’était lancé
dans le montage des combats de haut niveau. Il rêvait lui aussi de hisser le
sport national au firmament en le faisant connaître dans le monde entier. Si le
Mixted Martial Arts (MMA) est une fierté pour les américains et autres
occidentaux, Amadou Badiane avait aussi voulu voir la lutte à ce niveau.
Les amateurs se
souviennent qu’il avait même organisé un choc le 8 juin 2013 à la salle omnisports de Paris-Bercy (France) avec
l’opposition Bombardier (Mbour) / Baboye (Pulaar) en combat vedette.
Ce
jour en combats préliminaires, l’on avait vu Elton (Balla Gaye) battre Bismi Ndoye (Soumbédioune), Super Etoile (Lanasar) prendre le
dessus sur Assurance (Fass), Mame Balla
(Pikine Mbollo) avait terrassé Pape Mor Lô (Sakku Xam Xam) et Youssou Ndour (Ndakaru) avait
surclassé Matar Guèye (Lansar).
Par
la suite, il essaya de mettre sur pied le combat Nar Touré (Maristes) / Juan
Espino (Balla Gaye), mais ce fut un échec, car il était déjà financièrement agonisant.
Amadou
Badiane n’avait pas les moyens de sa politique.
Il n’avait
pas les reins financièrement solides et dû par la suite se ruiner
lamentablement au point d’être traqué et écroué par les créanciers à Dakar.
Luc Nicolaï : Détruit par la bataille des promoteurs
Lui, il se faisait appeler le promoteur du continent.
Lui et Gaston Mbengue le promoteur du Peuple, se livraient une lutte à mort
dans le montage des combats de lutte. Chacun voulait montrer sa force de frappe
financière au point que rien n’était bon, beau et grand pour les lutteurs. Les
cachets sont graduellement passés de 20, 30, 50 à 100 millions au grand bonheur
des lutteurs. Le mot lutteur VIP vient d’eux-mêmes. En catégorisant les Mbeurs, ils croyaient si bien faire que
la rivalité qui les opposait ne faisait que s’aggraver. «Moi au moins, je n’utilise pas l’argent contre nature pour monter les
combats» lançait Gaston Mbengue à son collègue. Effectivement, coopter des
lutteurs comme Modou Lô, Gris Bordeaux, Balla Gaye 2, Lac 2, Tyson, Yékini
étaient devenus de véritables montages financiers. Luc Nicolaï avait toujours
voulu faire mieux, toujours se tailler la part du Lion. Il avait voulu être la
super star dans le montage des combats les plus prestigieux. Par ailleurs les
chocs Ama Baldé (Pikine Falaye Baldé) /
Tapha Guèye 2 (Fass), Balla Gaye
2 (Balla Gaye) / Modou Lô (Rock Énergie), Balla Gaye 2 (Balla Gaye) / Yékini (Ndakaru) pour ne citer que ceux-là ont vu le
jour grâce à Luc Nicolaï and Co sa structure de montage. Hélas le promoteur du
Continent n’avait pas vraiment de l’argent comme il le faisait croire. Luc
Nicolaï n’était pas riche. En clair, il était fauché. Mais passionné par son
travail, il continuait. Et dû obligé de s’impliquer dans une affaire de drogue
qui l’a conduit en prison. Libéré du fait d’une grâce Présidentielle, Le
promoteur du Continent est toujours en course, mais très diminué, affaibli
financièrement : Luc Nicolaï & Co n’a plus d’argent comme avant.
Le seul à ne pas connaître ce sort
tragique des promoteurs est Gaston Mbengue. Il est certes endetté car il doit
encore à certains lutteurs depuis son CLAF, mais sait lui au moins s’arrêter
quand ça tourne au vinaigre.
Passion ou cupidité, il faudra noter que certains
mécènes ont tout perdu à cause de la lutte au point d’être jetés eux aussi dans
l’arrière-cour de la lutte comme anciennes Gloires paumées !
Mamadou Koné, New-York (USA)
Extrait de "Les Arènes"
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