«Les lutteurs
ne sont pas reconnaissants»
«L’issue du
combat Balla Gaye 2 Vs Tapha Tine m’a déçu»
Kanté Modjan (derrière) et le lutteur Forza (Fass) |
D
|
ans
le milieu de la lutte, on le surnomme coach
Kanté. Il n’est pas connu par les millions d’amateurs, mais très respecté
par les lutteurs qu’il encadre. Kanté Modjan, moniteur de salle de gym, est
également préparateur physique...
De longues années de compagnonnage avec les
plus grands lutteurs du Sénégal lui ont ouvert les yeux sur un fait :
L’ingratitude caractérisée des Mbeur.
Aujourd’hui, cet expert en coaching qui a travaillé avec de grands noms comme
Tapha Guèye, Balla Gaye 2, Tapha Tine, Gris Bordeaux et bien d’autres, a ouvert
sa propre salle de gym et vise une autre clientèle.
Les
coachs méritent plus de respect
Tous les coachs, qu’ils évoluent au niveau du
football, basket ou la lutte, méritent beaucoup de respect. Mais la remarque
que j’ai faite, c’est que les coachs souffrent plus dans le milieu de la lutte.
Ils ne sont pas respectés, pas considérés. Comme les managers, je pense que les
coachs devaient eux aussi avoir un pourcentage sur le cachet des lutteurs. Il
est inconcevable que quelqu’un abandonne tout pour s’occuper exclusivement de
la préparation d’un lutteur, de sa carrière, et que cela soit de façon bénévole.
Non. Il faut que les prestations des coachs soient rémunérées. Personnellement,
j’ai fait des formations pour devenir moniteur de salle de gym puis préparateur
physique. Ma dernière formation a été faite à Dubaï l’année dernière. On ne
peut donc pas me demander de m’occuper d’un lutteur sans rien me reverser comme
compensation salariale. C’est hélas ce qui se passe dans le milieu de la lutte,
et je suis désolé, je ne peux plus continuer comme ça.
Des
dépenses exorbitantes en xon et en
voyages à l’étranger
Le milieu de la lutte n’est pas encourageant. Il n’y
a vraiment pas d’évolution financière quand on y évolue comme nous l’avons
fait. Cela m’a beaucoup découragé. Je me suis donné entièrement pour la
préparation de certains lutteurs, mais en retour, je n’ai rien eu. Pourtant,
ils ont décroché de très bons cachets avec des millions. Il m’arrivait de me
priver de sommeil (4 heures du mat) pour aller préparer physiquement certains
lutteurs. Mais ce sont des gens qui ne sont pas reconnaissants. Pour un combat
donné, un lutteur est prêt à balancer des millions dans sa préparation mystique
ou pour des voyages aux USA, Europe pour des choses qu’ils peuvent parfois
trouver ici au Sénégal. Une fois là-bas, ils sont prêts à payer des sommes colossales
pour s’entraîner. En un mot, je trouve que les lutteurs ne sont pas
reconnaissants. Et cela m’a beaucoup découragé dans le coaching des lutteurs.
La
lutte est devenue un véritable business, les lutteurs doivent changer
L’entourage d’un grand sportif est un milieu très
professionnel. J’invite les lutteurs sénégalais à ce professionnalisme car la
lutte est devenue un véritable business. Ces cachets de 40, 50, 100 et 120
millions doivent être bien repartis. Des gens ne peuvent pas se tuer tous les
jours derrière un lutteur, à arranger son image, à mettre sa carrière sur
orbite et à lui faire gagner plus d’argent et que celui-ci ne pense pas à
partager cet argent avec ceux qui l’ont formé et qui travaillent avec lui.
Chaque écurie doit assainir le milieu pour que l’entourage du lutteur soit plus
professionnel. Que le manager s’en sorte, que les coachs aient des
rémunérations, que tous les membres du staff soient payés à leur juste valeur.
Comme ça, tout le monde pourra également s’épanouir. Je me demande comment ils
peuvent être heureux parmi des indigents.
Le
combat Balla Gaye 2 / Tapha Tine m’a déçu
Balla Gaye 2 bat Tapha Tine |
Tapha Guèye (Fass), Balla Gaye 2 (école Balla Gaye),
Gris Bordeaux (Fass), Tapha Tine (Baol Mbollo), Abdou Diouf (Walo), Sa Thiès
(Double Less), Jules Baldé, Ama Baldé (Falaye Baldé) et j’en passe. J’ai servi
tous ces lutteurs. J’ai donné de ma personne, mais en retour, je ne vois
vraiment pas ce que j’ai reçu. Pour la saison écoulée, j’attendais beaucoup du
choc Balla Gaye 2 / Tapha Tine. Ce sont tous des lutteurs que j’ai eu à coacher
un moment donné. Mais malheureusement ce jour, je n’ai pas vu de lutte car
l’issue du combat m’a déçu. D’un côté, j’ai vu un lutteur qui avait beaucoup
travaillé et de l’autre côté, je n’ai rien vu. C’est ce que je peux dire.
Ma
porte demeure ouverte à tous
Le milieu de la lutte m’a découragé, mais je
continue d’exercer ma profession. J’ai ouvert ma propre salle de gym au
quartier Ouakam. Elle est juste auprès de la mosquée de la Divinité. C’est un
quartier qui m’a accueilli. C’est comme un village et les vieux m’ont bien
reçu. Grâce à eux, j’ai eu l’opportunité d’ouvrir une salle de gym où je
travaille avec des basketteurs, des footballeurs, des boxeurs et autres
personnes privées. Je suis également au service des personnes âgées qui veulent
pratiquer du sport. J’aide aussi les gens en surpoids à perdre un peu de poids
et retrouver leur santé. Certains médecins m’envoient des patients avec qui je
fais de la rééducation. Je ne suis plus là exclusivement pour les lutteurs,
mais pour tout le monde. Mais ma porte demeure ouverte à tous et les lutteurs
sérieux peuvent toujours venir.
Par
Mamadou KONÉ
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