Pape Abdou Fall tire
son bilan
Promoteur Pape Abdou Fall (PAF Productions) |
Le
promoteur Pape Abdou Fall, avec son franc-parler habituel, a reconnu que
beaucoup reste encore à faire dans le milieu de la lutte pour taper dans l’œil
des instances internationales. Les sponsors doivent étendre davantage leur
champ d’action afin de permettre aux promoteurs de mieux quadriller ce sport
qui évolue saison après saison...
A l’endroit de ses pairs, le promoteur Gros
Bras, mu par un élan fraternel, demande l’union des cœurs pour mener à bien la
mission qui leur est dévolue. Pour Pape Abdou Fall, la saison 2012-2013 a été
prolifique d’autant plus que sa structure PAF Productions a pu faire émerger
d’autres jeunes champions.
Entretien
L’année
dernière, à la même époque, lorsque vous faisiez le bilan de votre structure,
vous disiez que la saison écoulée était finie en queue de poisson, est-ce le
même constat cette année ?
Permettez-moi d’abord
de présenter mes excuses à tous les Sénégalais, à tous les férus de lutte et à
toutes les composantes de la lutte. J’ai également une pensée pieuse à
l’endroit de tous les êtres qui nous sont chers et qui nous quittés. Ces gens
ont passé de grands moments avec nous. Ils nous ont soutenus et encouragés. Je
pense à Feu Armand Ndiaye, Mamadou Diagne et à bien d’autres qui étaient dans
l’arène. Je n’oublie pas non plus ceux qui sont actuellement malades, cloués au
lit. Que le Bon Dieu, dans sa miséricorde, les tirent de là afin qu’ils soient
actifs comme nous. En ce mois béni donc, j’en appelle au raffermissement des
liens entre frères, amis, parents et collaborateurs. Que la saison 2013-2014
soit la plus belle, la plus explosive pour nous tous. Mention spéciale au CNG.
Cette structure dirigée par le Dr Alioune Sarr a fait un travail colossal et exemplaire.
Sincèrement, je le soutiens, le félicite et l’encourage dans sa démarche et sa mission.
Le bilan dépend des objectifs visés par chaque promoteur et surtout sur
l’ensemble de l’activité portant sur la lutte. A Pape Abdou Fall Productions,
je peux affirmer que la saison s’est déroulée sans heurt. Nous avons organisé
des journées chaudes et pleines qui ont donné satisfaction aux férus de la
lutte. A ce niveau, on ne peut vraiment pas dire que la saison s’est terminée
en queue de poisson.
«PAF Productions a fabriqué des champions, cela veut tout dire»
Dans
ce cas, pouvez-vous établir un bilan de votre structure ?
Le bilan porte toujours
sur le volet financier. Pour moi, ce n’est pas vraiment l’objectif visé. C’est
vrai que je n’ai pas encore décroché de gros sponsors, je n’ai pas encore
organisé de très grosses affiches comme vous aimez à le dire, mais je trouve
que ma structure fait son petit bonhomme de chemin avec tout de même des résultats
probants. J’ai lu un de vos articles titré, «PAF a créé des champions». Cela veut tout dire. Nous sommes là.
Nous travaillons et nous avançons. Cela est très important.
4
journées en 2011-2012 et 4 autres journées en 2012-2013, pourquoi cette constance ?
Pour bien travailler,
il faut s’organiser de façon méthodologique car l’arène est devenue très serrée.
Il y a actuellement beaucoup de promoteurs. La répartition des dates est
également un casse-tête ainsi que le contexte de notre religion musulmane avec
son corolaire de jours fériés. Dans le calendrier musulman, il y a des dates
comme le Gamou, le Magal…etc. En somme, les fêtes religieuses jouent beaucoup. L’exemple
le plus illustratif est la présente saison qui n’est pas encore à son terme, mais
l’est virtuellement à cause du mois de Ramadan. Ainsi, nous avons perdu 25
jours qui font 4 semaines. 4 dimanches, 4 samedis ou 4 vendredis sont purement
et simplement perdus. Ce sont les aléas qui nous ont quelque peu freinés, sinon
notre volonté a toujours été de donner de la visibilité à nos partenaires et à nos
sponsors qui nous supportent et de bien servir la lutte.
«D’autres comme Tigo, Doumboul, Modou Diakhaté 2 ont émergé»
Pourquoi
le choix d’un championnat de lutte avec frappe (TOLAF) cette année ?
Ce championnat était
important à plus d’un point. D’abord, il nous a permis de faire fonctionner la
structure mais surtout à faire émerger d’autres noms comme Tigo, Doumboul,
Modou Diakhaté 2 ainsi que Douze Ans. J’ai suivi ce lutteur lors de ses combats
et je me suis dit qu’il n’a pas eu de chance avec ses adversaires, mais il
reste un grand Monsieur. C’est un futur champion. Il lutte bien et si vous
savez détecter la personnalité chez un individu, vous conviendrez avec moi que
Douze Ans est un Monsieur qui s’impose. Bref, des jeunes de cette trempe, il
nous appartient de leur permettre de se frotter les uns aux autres afin
d’émerger eux aussi. Au niveau de Pape Abdou Fall, cela a été une première
expérience qui a porté ses fruits. Nous avons reçu encouragements et
félicitations.
Vous
venez de magnifier la première édition du TOLAF, une deuxième édition est-elle
en vue ?
Si vous analysez la
structure PAF Productions, vous verrez que nous avons l’habitude de
diversifier. On ne s’accroche pas sur une seule chose. Nous avons l’art de
créer, d’innover et de laisser faire. Je ne dis pas qu’une deuxième édition
n’est pas envisageable, mais je suis en discussion avec mon staff. Je veux
parler de Lahat Ndiaye, Henry Ndiaye. Au cas contraire, nous allons créer autre
chose. Nous en avons l’habitude. On l’a déjà fait avec la Nuit de l’arène. Nous
n’aimons pas répéter les mêmes choses. Nous lançons une chose pour montrer
qu’elle mérite d’être créée, d’être soutenue. Si les gens suivent et perpétuent
la chose, c’est bien mais si les gens ne suivent pas, nous changeons et passons
à autre chose. Les thèmes à développer dans l’arène ne manquent pas.
A
quand l’organisation des chocs engageant les grosses têtes de l’arène comme Balla
Gaye 2, Yékini, Modou Lô...?
Mais pourquoi
pas ? Cela dépend du contexte et des opportunités qui s’offrent à nous. Ce
sont des lutteurs à qui on verse des cachets et ils luttent. Je peux dire
qu’ils font dans l’événementiel. Donc si on trouve des sponsors prêts à nous
accompagner, la logique voudrait qu’on organise des chocs de cette envergure qui
plaisent aux amateurs. Pape Abdou Fall Productions ne dit pas non. Nous attendons
que les moyens soient disponibles pour nous engager à monter de telles affiches.
Nous sommes dans l’arène et dès qu’il y aura une opportunité pour organiser ce
genre de derby, je vous assure que nous sauterons sur l’occasion.
Quelles
sont les perspectives pour 2013-2014 ?
Des combats ont été
déjà ficelés. Khadim Ndiaye 1, le Boucher du Dimanche (écurie Thiaroye-sur-Mer)
/ Ablaye ndiaye (Ndakaru), le fils de Robert Diouf. Doumboul / Laye Bèye, Armée
/ Frazier, Bara Ndiaye / Diam Thierry. Et ce n’est pas encore bouclé, car outre
ces 4 journées déjà calées, nous allons essayer de les renforcer avec des têtes
d’affiches ou les laisser couler. Notre souci est d’être dans les délais.
«Aziz Ndiaye est libre de disposer de son argent comme il veut…»
Le
collectif des promoteurs a volé en éclats, qu’est-ce qui l’explique ?
A travers votre
question, permettez-moi de saluer mes collègues promoteurs. Ce sont des acteurs
de développement. Mais il faudra aussi dire qu’il n’y pas péril en la
demeure car nous sommes tous des hommes d’affaires. Nous nous étions réunis
pour défendre des intérêts et une cause. Différents points ont été soulignés.
Malheureusement l’un d’eux a causé des divergences de vues. Il s’agit du
problème des cachets. C’était une bataille générale dans l’intérêt de tous.
Mais dans ce collectif, certains pensent qu’ils ont la possibilité de payer des
cachets exorbitants aux lutteurs, il n’y a aucun problème. Il faut aussi
souligner qu’Aziz Ndiaye n’est pas à l’origine de la hausse de cachets dans
l’arène, mais plutôt Gaston Mbengue et Luc Nicolaï. Tous les deux avaient posé
ce point comme un problème très sérieux. Ensemble, nous avions décidé de le
défendre. Je prends le cas d’Aziz Ndiaye. S’il trouve qu’il peut payer un
cachet plus élevé et que cela ne lui cause pas de dommage, qu’il le fasse. Nous
ne devons pas nous y opposer car c’est son argent. Je vous renvoie à la chartre
des Nations Unies. Les Hommes naissent libres et égaux. Aziz Ndiaye est libre
de disposer de son argent comme il veut. Est-ce qu’on peut imposer à quelqu’un
la manière de dépenser son argent ? Ce n’est pas possible. Nous avions
voulu résoudre certains problèmes. Certains avaient parlé de faillite à cause
de la flambée des cachets. Ils l’ont vécu. Je ne suis pas dans ce cas. C’était
un collectif, d’où un combat commun pour une cause commune. Mais si, d’aucuns
ont trouvé qu’ils ont les reins solides, rien ne s’y oppose. C’est très simple.
Moi, je lance un appel à l’unité des cœurs de tous les promoteurs. J’ai vu des
écrits sur le collectif des promoteurs. Mais il faut préciser qu’on peut être dans
le collectif, mener ses activités sans pour autant empiéter sur le champ
d’action de l’autre. Il y avait beaucoup de problèmes soulignés car il y a
beaucoup de tares qui gangrènent l’arène. Ce n’est pas seulement cette histoire
de cachets. Il ne faudrait pas se focaliser sur un seul volet du panel de
problèmes déclinés et en faire un cheval de bataille. Nous ne voulons pas de cela
car nous militons tous pour la promotion de la lutte. Le bon sens nous
recommande de nous unir, nous mettre en ordre de bataille pour défendre ce
sport-là.
Lors
de son séjour à Dakar, M. Barack Obama a révélé qu’il regrettait de quitter le
Sénégal sans avoir suivi un combat de lutte. Qu’est-ce cela vous inspire comme
commentaire ?
La lutte existe
partout. Permettez-moi de saluer le travail de Sunu Lamb car aujourd’hui, vous
ne mesurez même pas l’impact de ce que vous faites. Je suis rentré des USA il y
a à peine un mois. Mais partout où je passe, les gens ne parlent que de la
lutte Sénégalaise. Avant même qu’Obama ne parle de la lutte, il y a
l’ambassadeur des USA présent au stade Demba Diop lors d’un combat de lutte. Et
l’ambassadeur des USA ne se déplace pas comme ça. Avant que le président ou
l’ambassadeur ne se déplace vers un point, il y a la police fédérale qui est
là. Et s’il y va, ça veut dire que c’est très important. Je me réjouis de
travailler dans un secteur que le président le plus puissant du monde soutient.
Cela m’encourage à m’y ancrer, à m’y investir et à y rester car c’est un sport
qui mérite d’être soutenu. Ce qui est dommage, c’est qu’il y a certains
députés, des élus de ce pays qui se sont permis de vilipender ce sport à l’Hémicycle.
Il faut que ces gens sachent que c’est nous qui les avons installés là-bas. Leur
rôle est de défendre les intérêts des Sénégalais. Si les promoteurs avaient abandonné
ces lutteurs aux mains de l’Etat, ce serait une autre source de problèmes, car ils
deviendraient des malfrats en puissance. Mais nous les occupons, nous les
modelons et leur donnons quelque chose à faire. Tous les promoteurs ont leurs
activités. Moi, j’ai mon travail à faire. Je pouvais laisser tomber ces lutteurs
à cause des propos de ces députés. Et si on les écoutait, pouvaient-ils trouver
des activités pour ces jeunes ? Il faut que les gens sachent raison
gardée. Nous investissons notre argent sur ces jeunes qui n’ont rien à faire et
qui sont parfois désespérés et ces élus du peuple sabotent. Mais ils sabotent
également une activité héritée de nos parents, c’est notre Thiossane. Cela veut
dire que les députés auteurs de ces sorties n’ont pas leur place à l’assemblée
nationale. D’ailleurs parmi eux, nombreux sont ceux qui dorment lors des
séances à l’assemblée nationale. On les voit à la télé. Il faut qu’on nous
encourage et non le contraire. Certaines sociétés n’aident pas à soutenir ces
lutteurs ; il faut que cela cesse. Ils doivent revoir leur position et
aider au développement du pays qui passe aussi par ces jeunes lutteurs qui sont
Sénégalais. Malheureusement dans ce pays, quand vous dites les choses comme
elles sont, on vous combat. Je ne voudrais pas tomber dans ce débat. Certaines
personnes arrêtent de mettre les uns contre les autres. Cela ne leur sert pas,
le pays encore moins. C’est une perte de temps.
Votre
dernier mot…
«Mention spéciale à tous les sponsors qui nous ont accompagnés»
Je remercie Sunu Lamb
pour tout le travail fait. Il faut reconnaître que vous faites beaucoup pour la
lutte. Du courage et bonne continuation. Je remercie aussi les férus de lutte.
Que Dieu nous gratifie d’une saison de lutte 2013-2014 très intéressante. Que
les sponsors viennent. Qu’ils se mettent du côté de tous ces braves promoteurs
qui ajoutent quelque chose à l’humanité en aidant la jeunesse du pays, en
propulsant le sport. Les sponsors jouent un rôle très important. Ainsi, ils
doivent équilibrer leur apport et leur soutien pour qu’ensemble, nous construisions
l’édifice qu’est le Sénégal. La CAF, la FIFA soutiennent le football, la FIBA
soutient le basket, même si notre lutte n’est pas encore reconnue dans les
instances internationales, n’empêche que nous Sénégalais détenons un bon
produit dont on peut être fier. De grâce faisons le maximum pour aider la lutte
ainsi nous aurons les reins plus solides pour continuer ce travail que nous
faisons. Je lance donc un appel. Ensemble, il faudra œuvrer pour l’avancement
de ce sport. Nous sommes tous des acteurs du développement et méritons le même
respect, les mêmes égards pour réussir notre mission. Une fois de plus, Je
remercie le Docteur Alioune Sarr et le CNG, mes pairs promoteurs, les amateurs,
la presse. Mention spéciale à tous les sponsors qui nous ont accompagnés. Je
les remercie de tout cœur. On compte encore sur eux pour la saison à venir car
leur apport est de la plus haute importance pour réussir notre mission. Mention
spéciale à mon staff, il s’agit de Lahat Ndiaye et Henry Ndiaye. Ils ont joué
un rôle très significatif tout au long de la saison et je leur renouvelle
encore ici ma confiance.
Par
Mamadou KONÉ
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