12 août 2023

YEKINI LA RÉFÉRENCE

L

e titre de roi des arènes est en décadence depuis la chute de Yakhya Diop alias Yékini (Ndakaru). Tous ceux qui lui ont succédé y compris celui qui l’a détrôné, ont tous eu des règnes éphémères. Yékini était tout simplement spécial et son parcours demeuré une référence doit inspirer les plus jeunes et leur rappeler qu’un Roi des arènes est un monument.

Pour rappel, Yékini est resté invaincu durant 15 ans. Indéboulonnable du fauteuil de Roi des arènes pendant 8 ans.

Sociétaire de la première école de lutte

Yakhya Diop alias Yékini, est né le 26 février 1974 à Joal au Sénégal. Provenant d’un terroir Serère assez riche culturellement, il s’est très vite intéressé à la lutte traditionnelle. Mais il faut porter à la connaissance de tous, qu’il ambitionnait de faire carrière en football car avait des traits de ressemblances physiques avec Yékini le footballeur international nigérian. Mais le virus de la lutte a vite eu raison de lui. A Dakar, il intégra Ndakaru, la toute première école de lutte du pays..

Le sommet des sommets

Yékini

Yakhya Diop se révéla le 17 août 1997 lorsqu’il terrassa Kadd Gui (Yarakh). Et depuis, son étoile l’a dirigé pendant 19 ans. Comme palmarès, il a disputé 22 combats, signé 19 victoires contre 2 défaites et un combat nul. La nomenclature de l’arène avec la rareté des combattants de classe à son époque, contrairement à la kyrielle de stars aujourd’hui, contraignait Yékini à croiser plusieurs fois les mêmes lutteurs. C’est ainsi qu’il donna la chance à Balla Bèye 2 (Haal Pulaar) qu’il coinça 3 fois en autant de rencontres. Le 1er janvier 2002, le 10 juin 2007 et le 27 juillet 2008. Il croisera aussi Khadim Ndiaye (Thiaroye-sur-mer) le Boucher du Dimanche 2 fois. Mais Yékini a immolé le Boucher, borom Djassidji avec son propre couteau autant de fois. Le 22 avril 2001 et le 14 mai 2005. Le B52 de Mbour sera renvoyé à ses leçons 3 fois lui aussi. Toutes les incursions menées par ce colosse venu de Mbour ont été vaines face à Yakhya Diop qui le bombardera le 29 octobre 2000, le 28 mars 2004 et le 2 janvier 2011. Tyson, le révolutionnaire de l’arène n’a vu que du feu face au Baobab de Bassoul. Malgré son talent, son aura et son esprit business, Mouhammed Ndao sera rudoyé 2 fois le 1er janvier 2006 et le 4 avril 2010. Yékini était le sommet des sommets.

Inégalable en compétitions internationales

L’excellence de Yékini en lutte avec frappe avait fait oublier qu’il jouissait d’une certaine multidisciplinarité car était également un caïd de la lutte traditionnelle où il a porté haut le flambeau en hissant le drapeau du Sénégal au firmament à chaque fois. Ayant pris la relève des gens comme feus Double Less et Boy Bambara et Amadou Katy Diop, Pape Diop Boston etc qui revenaient chaque fois avec des médailles lors de leurs incursions internationales en lutte simple et gréco-romaine, Yékini avait enjolivé ce score de ses ainés en plaçant la dragée haute car on retiendra qu’en lutte traditionnelle, il a remporté plus de 60 tournois entre 1992 1997. Capitaine de l’équipe nationale de 1998 à 2001, Yékini a décroché 2 médailles d’or aux Championnats d’Afrique de Cotonou (Bénin) en 1998. L’année suivante (1999), il remporte une médaille d’argent aux jeux africains de Johannesburg (Afrique du Sud) en lutte gréco-romaine. En 2000, au top de son art, Yékini rentre de Niamey (Niger) avec 2 médailles d’or lors des championnats d’Afrique plus le titre de meilleur lutteur africain. Il mit fin à ses sorties internationales en 2001 avec 2 médailles, 1 en or et l’autre en argent lors des championnats d’Afrique de Ouagadougou au Burkina Faso, plus le titre de meilleur lutteur africain. Yakhya Diop est incontestablement le combattant le plus titré de sa génération en compétitions internationales.

Invaincu pendant 15 ans, Roi des Arènes pendant 8 ans

Du haut de ses 1m95 pour 120 kg de muscles, Yékini a conquis l’arène. Il a su se faire respecter. Il a montré durant sa longue carrière de 19 ans, qu’il avait quelque chose dans le ventre. Depuis cette victoire du 17 août 1997 sur Kadd Gui (Yarakh), il a passé 15 ans sans connaître de défaite. Cela est incroyable. Les anciens lutteurs, ceux de sa génération y sont allés sans succès, Yakhya Diop est resté indéboulonnable jusqu’au 22 avril 2012 date à laquelle le jeune Balla Gaye 2 (26 ans) l’a terrassé pour la première fois. De mémoire d’amateur, aucun lutteur, toute génération confondue, toute catégorie confondue n’est resté aussi longtemps sans concéder la moindre défaite. Yékini l’a fait. Tellement talentueux, tellement doué, tellement entraîné. Tout son corps luttait lors d’un combat. Et même le jour, pour la première fois où un lutteur l’envoyait au sol, il a usé de son génie pour faire la différence. Ceinturé par Baboye lors de leur deuxième rencontre, pendant que tout le monde le croyait perdu, Yékini en retombant a su contrebalancer son poids pour que l’adversaire tombe en premier. C’est du Génie. Et parmi toutes ses distinctions, la presse nationale n’a pas hésité à le désigner comme meilleur lutteur en plus de moult reconnaissances au niveau national.

Yékini l’homme à abattre ?

Le règne de Yékini n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a connu toutes sortes de frustrations, toutes sortes d’animosités. Mais tout ceci était lié à son rang de grand champion qui n’avait jamais connu de défaites. Dans l’entendement de certaines personnes, il fallait une défaite de Yékini pour une nouvelle réorientation du débat dans l’arène. Une autre redistribution des cartes pour ceux qui étaient depuis longtemps bloqués. Même certains amateurs souhaitaient voir la défaite de Yékini pour savoir comment il pouvait se reconstruire après une défaite. Ce qui a fait du Champion une sorte de «Mal aimé, l’homme à abattre». Au niveau des lutteurs, des amateurs et même des promoteurs, «On» voulait la chute de Yékini. On voulait la «peau» de Yékini. Même lorsque deux pelés et trois tondus s’affrontent, le victorieux déclare après «Donnez-moi Yékini, Je veux Yékini. Que les promoteurs montent mon combat contre Yékini».

Par ailleurs, pour du business, le promoteur Gaston Mbengue avait dans la foulé monté deux combats contre nature contre Yékini. Au mépris de sa bravoure, de son parcours et de sa maestria, le promoteur a présenté Gris Bordeaux (actuel Fass-Ndakaru), un Loser qui avait cumulé les défaites et qui en aucune manière, ne devait croiser un Roi des arènes pour un combat royal. Mais cela fut fait le 26 juillet 2009. Il fut battu à plate couture. Si le contraire s’était produit et que sur ce seul combat, Gris Bordeaux avait battu accidentellement Yékini, il aurait été appelé Roi des arènes. Quelle aberration !

L’autre combat impropre avec son lot de frustration et d’insultes contre Yékini est celui qui l’a opposé à Tyson (Boul Faalé) le 4 avril 2010. Toujours Gaston Mbengue au commandes.

Le chantre du sport-business qui n’avait remporté aucune victoire depuis le 30 mai 2004 date à laquelle il battait Tapha Guèye (Fass), s’est retrouvé propulsé, catapulté au devant du Roi après 3 saisons blanches. Lui aussi fut confondu et balayé.

Toutes ces injustices contre Yakhya Diop avaient fini par le rendre aigri, se méfiant de tous, croyant à tort ou à raison que tout le monde était contre sa personne.

La plus grosse déception de Yékini !

Il était le Mozart de la lutte avec frappe. Il avait fini par faire l’unanimité sur son talent et s’était fait introniser 2ème Tigre de Fass. Alors tout le Sénégal s’attendait à un combat de très haut niveau contre Yékini le Roi. Mais Tapha Guèye a lâchement grillé les précieuses minutes pour imposer un nul insipide à Yékini qui ne voulait que prouver son statut de Roi des arènes. Aujourd’hui si les plus jeunes disent «Tel n’est pas mon Roi», ils l’ont hérité de l’écurie Fass et de ses sympathisants qui aimaient à dire que Yékini n’était pas leur Roi car il n’avait jamais battu Moustapha Guèye. Mais ils refusent de dénoncer la lâcheté avec laquelle ce lutteur s’était comporté face à Yékini ce 30 juillet 2006.

Il est vrai certains lutteurs se neutralisent lors d’un combat où ils ont tout donné, mais Tapha Guèye avait résolument décidé de concéder le nul, donc de fuir la bataille. Yékini aura passé tout le temps à le poursuivre et lui aura passé tout le temps à feindre des blessures et à sortir du Guèw. Frustré et très remonté par ces manières de son adversaire, Yakhya Diop était obligé de le pourchasser et de continuer à le bastonner hors des sacs pour l’obliger à lutter vraiment.

Yékini / Tapha Guèye est le duel le plus ridicule, le plus dégoutant de l’histoire de la lutte sénégalaise. Ce fut la plus grosse déception du Baobab de Bassoul qui avait juré de ne plus jamais lutter avec un adversaire aussi lâche.

A la retraite depuis quelques années, Yékini reste toujours une référence de par sa grande qualité d’athlète, son professionnalisme et son comportement pondéré dans l’arène et en dehors.

Mamadou KONÉ, New-York-City (USA)

avec Sunu Lamb

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Palmarès de Yékini

22 combats : 19 victoires, 2 défaites, 1 nul

19 victoires

Dimanche 17 août 1997

Yékini bat Kadd Gui

Dimanche 23 novembre 1997

Yékini bat Modou Pouye 2

Dimanche 1er mars 1998

Yékini bat Pape Cissé

Dimanche 29 novembre 1998

Yékini bat Mor Nguer

Samedi 29 mai 1999

Yékini bat Mouhamed Ali

Dimanche 29 octobre 2000

Yékini bat Bombardier

Dimanche 22 avril 2001

Yékini bat Khadim Ndiaye

Dimanche 24 juin 2001

Yékini bat Baye Fall

Mardi 1er janvier 2002

Yékini bat Balla Bèye 2

Dimanche 8 juin 2003

Yékini bat Mor Fadam

Vendredi 15 août 2003

Yékini bat Lac de Guiers

Dimanche 28 mars 2004

Yékini bat Bombardier

Samedi 14 mai 2005

Yékini bat Khadim Ndiaye

Dimanche 1er janvier 2006

Yékini bat Tyson

Dimanche 10 juin 2007

Yékini bat Balla Bèye 2

Dimanche 27 juillet 2008

Yékini bat Balla Bèye 2

Dimanche 26 juillet 2009

Yékini bat Gris Bordeaux

Dimanche 4 avril 2010

Yékini bat Tyson

2 janvier 2011

Yékini bat Bombardier (2ème fois)

2 défaites

22 avril 2012

Balla Gaye 2 (Balla Gaye)

24 juillet 2016

Lac (Walo)

1 Nul

Dimanche 30 juillet 2006

Yékini Vs Tapha Guèye nul

 


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