L |
e titre de roi des arènes est en décadence depuis la chute de Yakhya Diop alias Yékini (Ndakaru). Tous ceux qui lui ont succédé y compris celui qui l’a détrôné, ont tous eu des règnes éphémères. Yékini était tout simplement spécial et son parcours demeuré une référence doit inspirer les plus jeunes et leur rappeler qu’un Roi des arènes est un monument.
Pour rappel, Yékini est resté invaincu durant 15
ans. Indéboulonnable du fauteuil de Roi des arènes pendant 8 ans.
Sociétaire de la première école de lutte
Yakhya Diop alias Yékini, est né le 26 février 1974 à Joal au Sénégal.
Provenant d’un terroir Serère assez riche culturellement, il s’est très vite
intéressé à la lutte traditionnelle. Mais il faut porter à la connaissance de
tous, qu’il ambitionnait de faire carrière en football car avait des traits de
ressemblances physiques avec Yékini le footballeur international nigérian. Mais
le virus de la lutte a vite eu raison de lui. A Dakar, il intégra Ndakaru, la
toute première école de lutte du pays..
Le sommet des sommets
Yakhya Diop se révéla le 17 août 1997 lorsqu’il terrassa Kadd Gui (Yarakh).
Et depuis, son étoile l’a dirigé pendant 19 ans. Comme palmarès, il a disputé
22 combats, signé 19 victoires contre 2 défaites et un combat nul. La
nomenclature de l’arène avec la rareté des combattants de classe à son époque, contrairement
à la kyrielle de stars aujourd’hui, contraignait Yékini à croiser plusieurs
fois les mêmes lutteurs. C’est ainsi qu’il donna la chance à Balla Bèye 2 (Haal
Pulaar) qu’il coinça 3 fois en autant de rencontres. Le 1er janvier 2002,
le 10 juin 2007 et le 27 juillet 2008. Il croisera aussi Khadim
Ndiaye (Thiaroye-sur-mer) le Boucher du Dimanche 2 fois. Mais Yékini a immolé
le Boucher, borom Djassidji avec son propre couteau autant de fois.
Le 22 avril 2001 et le 14 mai 2005. Le B52 de Mbour sera renvoyé à ses leçons 3
fois lui aussi. Toutes les incursions menées par ce colosse venu de Mbour ont
été vaines face à Yakhya Diop qui le bombardera le 29 octobre 2000, le 28 mars
2004 et le 2 janvier 2011. Tyson, le révolutionnaire de l’arène n’a vu que du
feu face au Baobab de Bassoul. Malgré son talent, son aura et son esprit
business, Mouhammed Ndao sera rudoyé 2 fois le 1er janvier 2006
et le 4 avril 2010. Yékini était le sommet des sommets.
Inégalable en compétitions internationales
L’excellence de Yékini en lutte avec frappe avait fait oublier qu’il
jouissait d’une certaine multidisciplinarité car était également un caïd de la
lutte traditionnelle où il a porté haut le flambeau en hissant le drapeau du
Sénégal au firmament à chaque fois. Ayant pris la relève des gens comme feus
Double Less et Boy Bambara et Amadou Katy Diop, Pape Diop Boston etc qui
revenaient chaque fois avec des médailles lors de leurs incursions
internationales en lutte simple et gréco-romaine, Yékini avait enjolivé ce
score de ses ainés en plaçant la dragée haute car on retiendra qu’en lutte
traditionnelle, il a remporté plus de 60 tournois entre 1992 1997. Capitaine de
l’équipe nationale de 1998 à 2001, Yékini a décroché 2 médailles d’or aux
Championnats d’Afrique de Cotonou (Bénin) en 1998. L’année suivante (1999), il
remporte une médaille d’argent aux jeux africains de Johannesburg (Afrique du
Sud) en lutte gréco-romaine. En 2000, au top de son art, Yékini rentre de
Niamey (Niger) avec 2 médailles d’or lors des championnats d’Afrique plus le
titre de meilleur lutteur africain. Il mit fin à ses sorties internationales en
2001 avec 2 médailles, 1 en or et l’autre en argent lors des championnats
d’Afrique de Ouagadougou au Burkina Faso, plus le titre de meilleur lutteur
africain. Yakhya Diop est incontestablement le combattant le plus titré de sa
génération en compétitions internationales.
Invaincu pendant 15 ans, Roi des Arènes pendant 8 ans
Du haut de ses 1m95 pour 120 kg de muscles, Yékini a conquis l’arène. Il a
su se faire respecter. Il a montré durant sa longue carrière de 19 ans, qu’il
avait quelque chose dans le ventre. Depuis cette victoire du 17 août
1997 sur Kadd Gui (Yarakh), il a passé 15 ans sans connaître de défaite.
Cela est incroyable. Les anciens lutteurs, ceux de sa génération y sont allés
sans succès, Yakhya Diop est resté indéboulonnable jusqu’au 22 avril 2012 date
à laquelle le jeune Balla Gaye 2 (26 ans) l’a terrassé pour la première fois.
De mémoire d’amateur, aucun lutteur, toute génération confondue, toute
catégorie confondue n’est resté aussi longtemps sans concéder la moindre
défaite. Yékini l’a fait. Tellement talentueux, tellement doué, tellement
entraîné. Tout son corps luttait lors d’un combat. Et même le jour, pour la
première fois où un lutteur l’envoyait au sol, il a usé de son génie pour faire
la différence. Ceinturé par Baboye lors de leur deuxième rencontre, pendant que
tout le monde le croyait perdu, Yékini en retombant a su contrebalancer son
poids pour que l’adversaire tombe en premier. C’est du Génie. Et parmi toutes
ses distinctions, la presse nationale n’a pas hésité à le désigner comme
meilleur lutteur en plus de moult reconnaissances au niveau national.
Yékini l’homme à abattre ?
Le règne de Yékini n’a pas été un long fleuve tranquille. Il a connu toutes
sortes de frustrations, toutes sortes d’animosités. Mais tout ceci était lié à
son rang de grand champion qui n’avait jamais connu de défaites. Dans l’entendement
de certaines personnes, il fallait une défaite de Yékini pour une nouvelle
réorientation du débat dans l’arène. Une autre redistribution des cartes pour
ceux qui étaient depuis longtemps bloqués. Même certains amateurs souhaitaient
voir la défaite de Yékini pour savoir comment il pouvait se reconstruire après
une défaite. Ce qui a fait du Champion une sorte de «Mal aimé, l’homme à
abattre». Au niveau des lutteurs, des amateurs et même des promoteurs, «On»
voulait la chute de Yékini. On voulait la «peau» de Yékini. Même lorsque deux
pelés et trois tondus s’affrontent, le victorieux déclare après «Donnez-moi
Yékini, Je veux Yékini. Que les promoteurs montent mon combat contre Yékini».
Par ailleurs, pour du business, le promoteur Gaston Mbengue avait dans la
foulé monté deux combats contre nature contre Yékini. Au mépris de sa bravoure,
de son parcours et de sa maestria, le promoteur a présenté Gris Bordeaux (actuel
Fass-Ndakaru), un Loser qui avait cumulé les défaites et qui en aucune manière,
ne devait croiser un Roi des arènes pour un combat royal. Mais cela fut fait
le 26 juillet 2009. Il fut battu à plate couture. Si le contraire s’était
produit et que sur ce seul combat, Gris Bordeaux avait battu accidentellement
Yékini, il aurait été appelé Roi des arènes. Quelle aberration !
L’autre combat impropre avec son lot de frustration et d’insultes contre
Yékini est celui qui l’a opposé à Tyson (Boul Faalé) le 4 avril 2010.
Toujours Gaston Mbengue au commandes.
Le chantre du sport-business qui n’avait remporté aucune victoire depuis
le 30 mai 2004 date à laquelle il battait Tapha Guèye (Fass), s’est
retrouvé propulsé, catapulté au devant du Roi après 3 saisons blanches. Lui
aussi fut confondu et balayé.
Toutes ces injustices contre Yakhya Diop avaient fini par le rendre aigri,
se méfiant de tous, croyant à tort ou à raison que tout le monde était contre
sa personne.
La plus grosse déception de Yékini !
Il était le Mozart de la lutte avec frappe. Il avait fini par faire
l’unanimité sur son talent et s’était fait introniser 2ème Tigre
de Fass. Alors tout le Sénégal s’attendait à un combat de très haut niveau
contre Yékini le Roi. Mais Tapha Guèye a lâchement grillé les précieuses
minutes pour imposer un nul insipide à Yékini qui ne voulait que prouver son
statut de Roi des arènes. Aujourd’hui si les plus jeunes disent «Tel n’est
pas mon Roi», ils l’ont hérité de l’écurie Fass et de ses sympathisants qui
aimaient à dire que Yékini n’était pas leur Roi car il n’avait jamais battu
Moustapha Guèye. Mais ils refusent de dénoncer la lâcheté avec laquelle ce
lutteur s’était comporté face à Yékini ce 30 juillet 2006.
Il est vrai certains lutteurs se neutralisent lors d’un combat où ils ont
tout donné, mais Tapha Guèye avait résolument décidé de concéder le nul, donc
de fuir la bataille. Yékini aura passé tout le temps à le poursuivre et lui
aura passé tout le temps à feindre des blessures et à sortir du Guèw. Frustré et
très remonté par ces manières de son adversaire, Yakhya Diop était obligé de le
pourchasser et de continuer à le bastonner hors des sacs pour l’obliger à
lutter vraiment.
Yékini / Tapha Guèye est le duel le plus ridicule, le plus dégoutant de
l’histoire de la lutte sénégalaise. Ce fut la plus grosse déception du Baobab
de Bassoul qui avait juré de ne plus jamais lutter avec un adversaire aussi
lâche.
A la retraite depuis quelques années, Yékini reste toujours une référence
de par sa grande qualité d’athlète, son professionnalisme et son comportement
pondéré dans l’arène et en dehors.
Mamadou KONÉ, New-York-City (USA)
avec Sunu Lamb
++++++++++++++++++++++++++++
Palmarès de Yékini
22 combats : 19 victoires, 2 défaites, 1 nul
19 victoires
Dimanche 17 août 1997
Yékini bat Kadd Gui
Dimanche 23 novembre 1997
Yékini bat Modou Pouye 2
Dimanche 1er mars 1998
Yékini bat Pape Cissé
Dimanche 29 novembre 1998
Yékini bat Mor Nguer
Samedi 29 mai 1999
Yékini bat Mouhamed Ali
Dimanche 29 octobre 2000
Yékini bat Bombardier
Dimanche 22 avril 2001
Yékini bat Khadim Ndiaye
Dimanche 24 juin 2001
Yékini bat Baye Fall
Mardi 1er janvier 2002
Yékini bat Balla Bèye 2
Dimanche 8 juin 2003
Yékini bat Mor Fadam
Vendredi 15 août 2003
Yékini bat Lac de Guiers
Dimanche 28 mars 2004
Yékini bat Bombardier
Samedi 14 mai 2005
Yékini bat Khadim Ndiaye
Dimanche 1er janvier 2006
Yékini bat Tyson
Dimanche 10 juin 2007
Yékini bat Balla Bèye 2
Dimanche 27 juillet 2008
Yékini bat Balla Bèye 2
Dimanche 26 juillet 2009
Yékini bat Gris Bordeaux
Dimanche 4 avril 2010
Yékini bat Tyson
2 janvier 2011
Yékini bat Bombardier (2ème fois)
2 défaites
22 avril 2012
Balla Gaye 2 (Balla Gaye)
24 juillet 2016
Lac (Walo)
1 Nul
Dimanche 30 juillet 2006
Yékini Vs Tapha Guèye : nul
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire