La lutte renaît de ses cendres
Bombardier (Archives) |
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l’exception de Lac 2 (Walo) et Gouye-Gui (Mor Fadam) plus d’autres moins connus, tous les ténors seront en lice la saison prochaine. Jamais une saison de lutte avant l’ouverture n’avait montré autant de promesses, autant de bons signes. C’est indéniable que la lutte qui a connu des périodes de vaches maigres, renaisse de ses cendres.
Les
fossoyeurs de la lutte
Non, ce n’est pas la pandémie liée au COVID-19 qui
a freiné l’élan de la lutte au Sénégal. Il y a eu des raisons à la fois
endogènes et exogènes qui ont entraîné cette chute libre de notre sport
national. En outre, il faut avoir le courage de le dire, la toute première
raison que nous taxerons d’endogène est la bataille des promoteurs. Certains
mécènes étaient entrés en conflit direct les uns contre les autres. Au lieu de
travailler en bonne intelligence pour promouvoir le sport en plafonnant les
cachets, ils étaient engagés dans une compétition ruineuse. Chacun voulant
montrer sa force de frappe financière, avait excédé et les cachets avaient
flambé. Lorsque deux ou plusieurs éléphants se battent, c’est l’herbe qui est
en dessous qui souffre, dit l’adage. Mais dans l’arène, lorsque 2 promoteurs
s’affrontent, c’est le lutteur qui se frotte les mains. Inconsciemment ou
consciemment, ces promoteurs ont scié la branche sur laquelle ils étaient tous
assis. Ils ont commencé à classifier eux-mêmes certains lutteurs sous le
vocable fallacieux de «Lutteurs VIP». Des chocs Tyson / Yékini, Balla Gaye 2 /
Modou Lô etc, exigeaient un montage financier colossal. Dans cette grisaille,
le seul promoteur resté rationnel et fidèle à ses principes, était Pape Abdou
Fall, le promoteur «gros bras». «J’agis
comme un père de famille. Pour la popote, je ne donne à mon épouse que ce que
j’ai» avait-il dit et s’y était conformé.
L’autre raison exogène (qui pourrait être liée à
la 1ère) est le sakh de
certains sponsors. La demande toujours à la hausse des promoteurs en vue
d’organiser les combats avait fini par décourager ces financiers qui s’étaient
tournés vers le football ou d’autres sports moins coûteux. Ajoutée à ce tableau
déjà sombre, la saga des supporters et des fans clubs incroyablement violents. Parfois,
même pour la simple signature de contrat opposant trois pelés deux tondus, il y
a mort d’hommes. La violence y a aussi joué un rôle. Aucun sponsor qui se
respecte ne voulait associer son image à cette violence qui avait jeté le
discrédit sur le secteur. L’un dans l’autre, ces fléaux ont quasiment tué la
lutte.
La
raison semble triompher
Bombardier, Balla Gaye 2, Tapha Tine, Lac 2, Boy
Niang 2 etc n’ont pas empoché 100 millions avant de nouer le nguimb cette
saison. Mieux, on n’a point vu un seul mbeur cracher sur 50 millions comme ils
avaient l’habitude de le faire il y a quelques saisons. Ils ont soudainement été
habités par la sagesse tout comme les promoteurs eux-mêmes. Tous ont remarqué
la nouvelle donne faite de l’absence ou de la rareté des sponsors entraînant
fatalement un grand vent de chômage. De nombreux promoteurs ont jeté la clé
sous le paillasson. Certains sont allés en prison, de nombreux lutteurs (les
plus chanceux) se sont exilés en Europe ou aux USA tandis que l’écrasante
majorité des mbeurs restés au pays ont chômé, ont végété tout ce temps. La
cessation d’activités due au Corona Virus avait aggravé une situation
préalablement compliquée.
Aujourd’hui, tout semble revenu à la normale avec
des acteurs plus modérés: Lutteurs plus courtois et raisonnables, «anciens» promoteurs
et nouveaux arrivants plus réalistes et pondérés.
La saison n’est pas encore close que les
promoteurs du pays ont engagé tous les ténors (excepté Lac 2 et Gouye-Gui) pour
la nouvelle saison: Balla Gaye 2, Eumeu Sène, Modou Lô, Tapha Tine, Boy Niang
2, Sa Thiès, Gris Bordeaux. Signe que l’union sacrée a été faite autour du
sport national pour le hisser encore plus haut.
Mamadou Koné, New-York-City (USA)
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