18 octobre 2022

Saison 2022-2023 : Tous les ténors en lice

La lutte renaît de ses cendres

Bombardier (Archives)

A

 l’exception de Lac 2 (Walo) et Gouye-Gui (Mor Fadam) plus d’autres moins connus, tous les ténors seront en lice la saison prochaine. Jamais une saison de lutte avant l’ouverture n’avait montré autant de promesses, autant de bons signes. C’est indéniable que la lutte qui a connu des périodes de vaches maigres, renaisse de ses cendres.

Les fossoyeurs de la lutte

Non, ce n’est pas la pandémie liée au COVID-19 qui a freiné l’élan de la lutte au Sénégal. Il y a eu des raisons à la fois endogènes et exogènes qui ont entraîné cette chute libre de notre sport national. En outre, il faut avoir le courage de le dire, la toute première raison que nous taxerons d’endogène est la bataille des promoteurs. Certains mécènes étaient entrés en conflit direct les uns contre les autres. Au lieu de travailler en bonne intelligence pour promouvoir le sport en plafonnant les cachets, ils étaient engagés dans une compétition ruineuse. Chacun voulant montrer sa force de frappe financière, avait excédé et les cachets avaient flambé. Lorsque deux ou plusieurs éléphants se battent, c’est l’herbe qui est en dessous qui souffre, dit l’adage. Mais dans l’arène, lorsque 2 promoteurs s’affrontent, c’est le lutteur qui se frotte les mains. Inconsciemment ou consciemment, ces promoteurs ont scié la branche sur laquelle ils étaient tous assis. Ils ont commencé à classifier eux-mêmes certains lutteurs sous le vocable fallacieux de «Lutteurs VIP». Des chocs Tyson / Yékini, Balla Gaye 2 / Modou Lô etc, exigeaient un montage financier colossal. Dans cette grisaille, le seul promoteur resté rationnel et fidèle à ses principes, était Pape Abdou Fall, le promoteur «gros bras». «J’agis comme un père de famille. Pour la popote, je ne donne à mon épouse que ce que j’ai» avait-il dit et s’y était conformé.

L’autre raison exogène (qui pourrait être liée à la 1ère) est le sakh de certains sponsors. La demande toujours à la hausse des promoteurs en vue d’organiser les combats avait fini par décourager ces financiers qui s’étaient tournés vers le football ou d’autres sports moins coûteux. Ajoutée à ce tableau déjà sombre, la saga des supporters et des fans clubs incroyablement violents. Parfois, même pour la simple signature de contrat opposant trois pelés deux tondus, il y a mort d’hommes. La violence y a aussi joué un rôle. Aucun sponsor qui se respecte ne voulait associer son image à cette violence qui avait jeté le discrédit sur le secteur. L’un dans l’autre, ces fléaux ont quasiment tué la lutte.

La raison semble triompher

Bombardier, Balla Gaye 2, Tapha Tine, Lac 2, Boy Niang 2 etc n’ont pas empoché 100 millions avant de nouer le nguimb cette saison. Mieux, on n’a point vu un seul mbeur cracher sur 50 millions comme ils avaient l’habitude de le faire il y a quelques saisons. Ils ont soudainement été habités par la sagesse tout comme les promoteurs eux-mêmes. Tous ont remarqué la nouvelle donne faite de l’absence ou de la rareté des sponsors entraînant fatalement un grand vent de chômage. De nombreux promoteurs ont jeté la clé sous le paillasson. Certains sont allés en prison, de nombreux lutteurs (les plus chanceux) se sont exilés en Europe ou aux USA tandis que l’écrasante majorité des mbeurs restés au pays ont chômé, ont végété tout ce temps. La cessation d’activités due au Corona Virus avait aggravé une situation préalablement compliquée.

Aujourd’hui, tout semble revenu à la normale avec des acteurs plus modérés: Lutteurs plus courtois et raisonnables, «anciens» promoteurs et nouveaux arrivants plus réalistes et pondérés.

La saison n’est pas encore close que les promoteurs du pays ont engagé tous les ténors (excepté Lac 2 et Gouye-Gui) pour la nouvelle saison: Balla Gaye 2, Eumeu Sène, Modou Lô, Tapha Tine, Boy Niang 2, Sa Thiès, Gris Bordeaux. Signe que l’union sacrée a été faite autour du sport national pour le hisser encore plus haut.

Mamadou Koné, New-York-City (USA)


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