Balla Gaye 2 bat Yékini |
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termes de combats événementiels, il faudra retenir certaines dates, le nom de
certains lutteurs et bien entendu, de certains promoteurs faiseurs de ces
événements. Nous ne voulons pas dissocier. Nous avons également choisi de ne
pas trop reculer, de partir de la saison 2006-2007 à nos jours. Quinze (15) ans
pour passer au peigne fin les combats de lutte qui ont vraiment marqué les
esprits et donné un coup de fouet à la pratique de ce sport et également aux
montages des chocs les plus inédits.
Il est important avant tout propos, de souligner qu’on note des chocs historiques avant ceux dont nous parlons. Des confrontations d’une autre époque plus ou moins reculée, restées également dans les anales. Mais notre canevas de travail se situe entre 2006 et 2021.
22
juillet 2007, Gris Bordeaux bat Bombardier : Un Tigre était né
Ce jeune lutteur de l’écurie Fass avait vraiment
commencé à taper dans l’œil des amateurs et des promoteurs que lorsqu’il a
battu Bombardier de Mbour le 22 juillet 2007 au stade Demba Diop. Un combat
monté par le promoteur Petit Mbaye de Action 2000, un nom à retenir. Mais 7
mois plus tôt, il avait plié Lac de Guiers 1 (Walo), un coriace de la même
génération que Tapha Guèye (Fass), chef de file de Gris Bordeaux. Mais c’est
vraisemblablement après le sacre devant le B52 qu’il a vraiment pris son réel
envol et hérité de l’appellation de 3ème Tigre de Fass avant son
intronisation. Pour revenir au choc, on notera que Demba Diop avait revêtu sa
tenue des grands jours. Stade plein à craquer. Mais il a fallu un simple geste
de tirage de Nguimb pour voir Bombardier
glisse sur le gazon et s’écrouler devant Gris Bordeaux agenouillé pour
enclencher une autre action.
Événement grandiose piloté par le groupe Action
2000 du promoteur Petit Mbaye, grand faiseur de champions, Roi de
l’événementiel, véritable Don King de l’arène à l’époque. C’est Action 2000
sous l’impulsion de Petit Mbaye qui montait les combats les plus significatifs
de l’époque même si les Gaston Mbengue, Luc Nicolaï, Khadim Fall
Productions, Alpha Samb, Serigne Modou Niang, Palla Mbengue,
Ndèye Ndiaye Tyson et bien d’autres apportaient également leurs pierres à
l’édification de la lutte.
Petit Mbaye était incontestablement le Maître du
jeu.
27
juillet 2008 : Modou Lô remporte le CLAF
L’histoire retiendra que c’est le promoteur Gaston
Mbengue qui a initié pour la première fois, un championnat de lutte avec frappe
(CLAF) au Sénégal. Par ailleurs, il avait fait un petit essai en 2006 sous l’appellation
de mini-championnat qui avait enregistré l’éclosion des champions comme Balla
Gaye 2 (école de lutte Balla Gaye), Lac 2 (Walo), Tapha Tine (Baol Mbollo), Issa
Pouye (Thiaroye-sur-Mer), Zoss (Door Dooraat), Bathie (Guinaw Rails), Balla
Diouf (Fass), Boy Sèye (Pikine Mbollo).Mais c’est en passant de
mini-championnat à championnat en 2007-2008, que Gaston Mbengue a commencé à
ratisser large et à véritablement remplacer Petit Mbaye (Action 2000) qui avait
eu des problèmes et s’était exilé en Europe. Ce tout premier championnat
dénommé CLAF par la presse, regroupait 44 lutteurs repartis en 11 poules.
Jamais, de mémoire d’homme, un promoteur n’avait eu telle idée. Les compétions
éclatées animaient les régions du Sénégal. De Dakar à Tambacounda, c’était
l’effervescence. Le nom de Gaston Mbengue était scandé partout. Il était devenu
le nouveau Don King de l’arène. Il avait enrichi de nombreux lutteurs qui, même
dans leurs rêves les plus fous, ne pensaient pas empocher de tels cachets. «Mon championnat a fait des heureux, non pas
chez les lutteurs seulement, mais aussi chez les journalistes, puisque Balla
Diouf de Fass filait le bel amour avec Ndèye Coumba» aimait-il à dire,
histoire de taquiner un peu notre consœur.
Ces compétitions du CLAF avaient abouti aux
finales entre Modou Lô et Boy Kaïré (Soumbédioune) d’une part, Soulèye Dop
(Sine Saloum) et Moussa Dioum (Sakku Xam Xam) d’autre part. Modou Lô et Soulèye
Dop avaient pris le meilleur sur leur vis-à-vis respectivement par des KO.
Cette idée de Gaston Mbengue à créer un
championnat à cette période, était très novatrice et cadrait avec la politique
du pays quant à l’absorption du chômage et constituait aussi un frein contre la
migration clandestine vers l’hypothétique Eldorado qu’est l’Europe (Barça ou Barsakh).
4 avril 2010 : Retour de Tyson face à Yékini, Les
cachets passent le cap des 100 millions de FCFA
Tyson de Boul Faalé,
l’ancien chouchou de l’arène avait été sanctionné par le CNG de lutte pour
avoir contesté et quitté l’aire du duel contre Bombardier de Mbour le 7 janvier
2007. Une longue sanction assortie de 7 millions de francs CFA retenus sur son
cachet. Très amer, il avait préféré quitter l’arène pour faire autre chose.
Mais avec l’avènement de Gaston Mbengue qui a fait de la lutte un vrai
business, les tractations ont fini par aboutir au retour du chef de file de la
génération Boul Faalé. En cette même période, la bataille des promoteurs entre
Gaston Mbengue et Luc Nicolaï faisait rage. Chacun était prêt à tout pour être
le plus vu, le plus grand. Si bien que Gaston Mbengue qui s’était associé à
d’autres promoteurs pour décrier et combattre la flambée des cachets dans
l’’arène, a fini par se dédire. Alors qu’eux tous s’accordaient à plafonner les
prix (30 ou 40 millions au plus), Gaston Mbengue contre toute attente, décaisse
plus de 100 millions pour le retour de Tyson contre Yékini le Roi des arènes.
Yakhya Diop aurait reçu 100 et Tyson 120 millions.
Mais il faudra aussi retenir
que la barre des 100 millions pour un seul combat a été pour la première fois franchie
à cette époque par Gaston Mbengue. Un duel où avait encore terrassé Tyson pour
la Nième fois au stade Léoplod Sédar Senghor. C’était un événement inoubliable.
Balla Gaye bat
Modou Lô : Et la ferveur retomba
Ces deux jeunes lutteurs avaient atteint un niveau de
compétition et de notoriété qui les forçait à se croiser. Trop de provocations,
trop d’agressions, trop d’invectives, la banlieue bouillonnait à tout moment.
Même pour des combats qui ne les engageaient pas, les supporters de Balla Gaye
2 et Modou Lô occasionnaient les violences dans les stades. Le promoteur Luc
Nicolaï a fini par décrocher ce derby de la banlieue. Lutteurs les plus
populaires du pays, ce n’était pas une mince affaire. Là également, le
promoteur avait cassé sa tirelire pour satisfaire les exigences des
combattants. Le choc a eu lieu le 21 mars 2010 à Demba Diop. Il a vu la belle
victoire du Lion de Guédiawaye sur le Roc qui encaissait ainsi sa toute
première défaite après avoir remporté le Championnat de lutte avec frappe.
Balla Gaye 2 était le roi de la banlieue. Il avait été éminemment supérieur à
son adversaire sur tous les plans. Il l’avait battu dans tous les compartiments
du combat. Cette ferveur qui alimentait les débats, qui occasionnait des
batailles de tranchées entre supporters, s’est estompée avec cette victoire du
Lion.
Cette date avait également marqué les esprits car le
coté organisationnel avait été à la hauteur de l’événement avec ces feux
d’artifices qui ont encerclé les combattants pendant quelques minutes avant le
coup d’envoi.
22 avril 2012 : Yékini est
détrôné : Balla Gaye 2 le plus jeune Roi des arènes à 26 ans
Cest encore Luc Nicolaï
& Co qui avait décroché ce combat prestigieux. Il mettait aux prises 2
lutteurs de générations différentes et de styles différents également. Yékini
qui avait régné 8 ans comme Roi et qui était resté 15 ans invaincu, avait fait
le vide autour de lui. Bombardier, Tyson, Baboye, Tapha Guèye etc, il les avait
tous balayés. Certains avaient même été terrassés 3 fois de suite. Il avait par
la suite fait une promenade de santé face à Gris Bordeaux de Fass qu’il a
laminé facilement. Le fassois était réellement le premier jeune lutteur d’une
génération différente. Balla Gaye 2 était le 2ème.
Ce rendez-vous de l’arène
était l’un des plus mémorables de ces 15 dernières années de par son enjeu et
sa haute sportivité. Car si Yékini avait régné sans partage parmi ceux de sa
génération, Balla Gaye 2 avait fait autant et ne voulait que titiller la haute
sphère. Tout avait été dit sur ce combat. Les signatures de contrats et autres
face-à-face émaillés parfois par des violences inouïes. Yékini sous haute
pression, puisqu’ à chacune de ses sorties, certains voulaient le voir perdre.
S’il était battu, il y aurait une autre recomposition dans l’arène, une autre
nomenclature.
Et le jour fatidique
arriva.
Balla Gaye 2 était le
premier à mettre les pieds à Demba Diop vers 14 heures. Une heure inhabituelle.
Yékini arriva à son heure habituelle, vers 15, 16 heures. Et dès que le coup
d’envoi fut donné par l’arbitre central, tout le stade était glacé. Tout le
public avait retenu son souffle. On pouvait même entendre la voix de la vendeuse
de Thiakry ak nekh sow depuis le
petit marché de Grand Dakar. Et après quelques minutes, suite à la chute
historique de Yékini sur le côté droit comme l’avait prédit une célèbre diseuse
de bonne aventure, c’était le déchaînement, le déferlement de toutes sortes de
lamentations. Qui pour pleurer, qui pour se réjouir.
Le Baobab de Bassoul avait
été déraciné. Yékini n’était donc pas un dieu !
Mamadou Koné, New-York (USA)
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