Une décision qui divise...
Moussa Faki Mahamat, Commissaire de l'Union Africaine |
D |
e nombreux pays africains
disent n’avoir pas été consultés pour la décision prise durant l'été par le
président de la commission de l’UA, le tchadien Moussa Faki Mahamat.
Israël
est devenu, le 22 juillet 2021, membre de l’Union africaine avec un statut
d’observateur. Aleli Admasu, l’ambassadeur israélien à Addis-Abeba, a présenté
fin juillet ses lettres de créances au président de la Commission de l’UA,
Moussa Faki Mahamat, et a soumis la charte d’Israël en tant que membre
observateur à l’Union africaine, selon un communiqué discret de l’organisation
panafricaine.
Victoire diplomatique
Une
victoire diplomatique pour l’Etat hébreu, après une très longue bataille. Le
gouvernement israélien a célébré l’événement dans un communiqué.
«C’est un jour de fête pour les
relations israélo-africaines. Cela corrige une anomalie qui a perduré pendant
près de deux décennies et représente une partie importante du renforcement des
relations extérieures d’Israël»
Israël
avait ce statut d’observateur au sein de l’Organisation de l’unité africaine
(OUA) ancêtre de l’Union africaine. Mais en 1973, tous les pays membres de
l’OUA ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël en solidarité avec
l’Egypte dont une partie du territoire, le Sinaï, était occupée par l’armée
israélienne suite à la guerre de Kippour.
Israël
entretient aujourd’hui des relations avec 46 pays africains sur les 55 que
compte l'UA. L’Etat hébreu a récemment rétabli ses relations diplomatiques avec
le Tchad, la Guinée, et le Soudan (suite à son adhésion aux Accords d’Abraham).
Il a également fortement renforcé ses liens avec le Maroc, le Rwanda,
l'Ouganda, le Kenya et l'Ethiopie. Autant d’alliés sur le continent.
Demande d’explications
Des demandes d’explications sont en revanches
venues de plusieurs pays opposés à ce statut d’observateur. L'Afrique du Sud
s’est dite "consternée par la décision injuste et
injustifiée de la Commission de l’UA d’accorder à Israël le statut
d’observateur au sein de l’Union africaine". La
Commission de l’UA a pris cette "décision unilatéralement" sans
consulter ses membres, selon le ministère sud-africain des Affaires étrangères.
"Israël continue d’occuper illégalement
la Palestine en faisant fi de ses obligations internationales et des
résolutions de l’ONU. La décision de lui accorder le statut d’observateur est
encore plus choquante en cette année où le peuple opprimé de Palestine a été
persécuté par des bombardements destructeurs et la poursuite de la colonisation
illégale sur ses terres." a
dénoncé la diplomatie sud-africaine. Soutien historique de la Palestine,
Pretoria a sommé Moussa Faki de s’expliquer sur sa décision. Alger, Tunis, Le
Caire, Nouakchott et Tripoli se sont également opposés à la présence d’Israël à
l’UA, en raison de la question palestinienne.
L’Autorité palestinienne, quant à elle,
bénéficie de ce statut d’observateur à l’UA, où elle compte d’importants
soutiens. Dans son communiqué, le président de la Commission Moussa Faki
Mahamat souligne que l’UA " a été très claire sur sa position selon
laquelle, dans la question de la Palestine et d’Israël, une solution à deux
Etats est nécessaire à une coexistence pacifique ".
Partenariats
renforcés
Israël
affirme de son côté avoir tissé des partenariats de grande ampleur avec les
pays africains notamment dans les domaines de l’agriculture, de la lutte contre
le terrorisme, de la high tech.... L’Etat hébreu explique vouloir renforcer ses
liens avec l’Afrique, en raison de sa proximité géographique avec le continent,
mais aussi du fait qu’il compte d’importantes communautés d’origine éthiopienne
et marocaine.
À en croire les quelques pays africains qui se
sont publiquement exprimés sur le sujet, aucune consultation générale n’a été
menée auprès des 55 États membres avant que l’accréditation de l’ambassadeur
israélien soit actée par le président de la Commission de l'UA. Mais seule une
dizaine de pays y semble réellement opposée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire