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l est coutumier du fait. Seymour Hersh,
vétéran du journalisme d'investigation américain, a jeté un nouveau pavé dans
la mare en publiant un rapport sur
la mort d'Oussama Ben Laden. Dans ce document, le
journaliste qui s'est vu décerner le prix Pulitzer en 1970 pour sa couverture
de la guerre du Vietnam, en particulier la révélation du
massacre de My Lai perpétré en 1968 par l'armée américaine contre des centaines
de civils, assure que la version défendue par la Maison-Blanche est fausse…
"C'est
un énorme mensonge, il n'y a pas un seul mot de vrai", dit-il. L'ancien
journaliste de New York Times cite d'anciennes sources du
renseignement américaines et pakistanaises, aussi bien que des Navy Seals.
"La Maison-Blanche maintient toujours que la mission était une affaire
cent pour cent américaine et que les généraux supérieurs de l'armée du Pakistan et
de l'agence Inter-services Intelligence (ISI) n'ont pas été prévenus de
l'incursion. C'est faux." Faux encore, selon lui, le fait que les deux
chefs militaires les plus hauts gradés du Pakistan - le général Ashfaq Parvez
Kayani et le général Ahmed Shuja Pasha, directeur général de l'ISI - n'étaient
pas au courant de la mission des États-Unis.
Récompense
D'après
Hersh, la tête pensante d'Al-Qaïda était depuis 2006 le prisonnier de l'ISI,
qui le gardait assigné à résidence et acceptait des fonds de l'Arabie saoudite
pour assurer sa captivité. La CIA aurait localisé Ben Laden par le biais d'un
ancien haut agent du renseignement pakistanais qui a trahi le secret en échange
d'une grande partie de la récompense de 25 millions de dollars offerte par les
États-Unis.
L'assaut
donné le 2 mai 2011 par les Américains ne se serait pas déroulé comme le
scénario "écrit" par la Maison-Blanche, assure Seymour Hersh. Les
forces américaines sont entrées "tranquillement" dans la villa
occupée par le terroriste et auraient tué "un homme faible et sans
armes". La dépouille de Ben Laden n'aurait ensuite pas été jetée en mer,
comme l'affirme l'administration Obama, mais enterrée au Pakistan.
Le rapport de
Hersh accuse également l'administration d'Obama d'avoir présenté Al-Qaïda comme
une menace plus grande qu'elle ne l'était réellement avant la mort de son
leader. La Maison-Blanche n'a pas encore réagi.
Lepoint.fr