Double Less, Balla Gaye 2, Sa Thiès et
bien d’autres
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is moi qui est ton frère, je te dirai
quel lutteur tu es… C’est devenu monnaie courante dans l’arène. Les histoires
de fratrie font florès dans le milieu de la lutte avec frappe...
Plus qu’un effet
de mode, le fait mérite d’être inspecté sous l’angle des avantages et
inconvénients que procurent de voir son sang partager sa passion.
LA SOUFFRANCE D’EUMEU SÈNE
Eumeu Sène a certainement vécu toutes
sortes d’émotions le lundi 1er avril dernier, quand il a dû observer de chez
lui la troisième sortie de son jeune frère, Khadim, à cause d’une suspension.
Le supplice a dû être d’autant plus douloureux pour lui qui se déplace toujours
pour assister tous ses jeunes partenaires d’écurie, quelle que soit l’envergure
du combat. Son frère faisait face à Baye Mandiaye, poulain de son meilleur
ennemi Balla Gaye 2. Du coup, quand il s’en est tiré avec une magistrale
victoire, Eumeu Sène a profité aux délices de la délivrance. Voir son jeune
frère embrasser la même carrière que soi procure du plaisir. Une certaine
fierté de servir de modèle. Khadim Ngom reconnaît volontiers que c’est son
champion de frère qui lui a filé le virus. «C’est
lui (Eumeu Sène) qui m’a fait aimer la lutte. Je le suivais depuis les séances
de «mbappat» jusqu’à ce qu’il devienne un champion incontournable en lutte
avec frappe. Par la suite, j’ai fini par céder à la passion.»
BALLA GAYE 2, SA THIÈS, LOURD HÉRITAGE DU PATER
Comme Eumeu Sène et bien avant lui
d’ailleurs, Balla Gaye 2 a lui aussi vécu les sensations de voir son frangin,
Sa Thiès, descendre dans l’arène. Aussi imposant physiquement que le roi des
arènes, l’autre fils de Double Less se voit prédire un avenir au moins aussi
radieux que son grand frère. Qui ne se gêne pas d’afficher sa complicité et son
admiration pour Sa Thiès. «Je trouve
qu’il est meilleur lutteur que moi», enjolive Oumar Sakho alias Balla Gaye
2, quand le nom de son frère est évoqué. Sans doute un peu flatteur,
certainement admiratif, le tombeur de Yékini vit intensément les combats de son
frère. «Au-delà du fait qu’il soit mon
frère, Sa Thiès est surtout un ami. Il se fatigue plus que moi pour mes combats.»
Le jeune frère lui rend bien cette sympathie. «Mon ambition, c’est de marcher
sur les pas de mon frère et de perpétuer l’héritage de mon père (Double Less).
Je l’écoute beaucoup pour en arriver au même niveau car Balla est un champion
qui me conseille tout le temps.»
GARGA, BOUCLIER DE ZOSS
Entre Eumeu Sène/Khadim Ngom et Balla
Gaye 2/Sa Thiès, le point en commun c’est que les trajectoires respectives des
frères ne sont pas proches. Eumeu Sène a commencé la lutte près d’une décennie
avant son jeune frère, tandis que Sa Thiès en est encore aux balbutiements là
où son frère truste les étoiles. La règle n’est pas valable pour Zoss et Garga
Mbossé. Zoss est certes mieux coté, mais pas grand chose. Le physique plus
imposant de Garga, plus jeune de la fratrie, y est certainement pour beaucoup.
Du coup, il sert désormais de bouclier à son grand frère (voir par ailleurs).
FASS, LA FRATRIE DES TIGRES
Fass aussi a ses frères de sang. Si les
célèbres Tigres de Fass Mbaye Guèye et Tapha Guèye ne sont pas descendus dans
l’arène au même moment, tel n’est pas le cas pour le troisième Tigre, Gris
Bordeaux, qui voit son jeune frère suivre ses pas. «Le fait de voir son frère lutter l’a incité davantage à venir dans
l’arène», affirme Gris Bordeaux, à propos de Mansour Dione, le jeune frère
dont il retrace les premiers pas dans l’arène, en témoin privilégié : «Au début, il n’ambitionnait pas de devenir
un lutteur, mais trouvait du plaisir à s’entraîner avec moi, à lutter, à faire
la boxe. Souvent, il s’amusait à lutter contre certains de sa génération dans
le quartier et leur infligeait des défaites. C’est ainsi qu’il a chopé le
virus.» Quand on lui demande les conséquences de grandir à l’ombre d’un grand
frère qui sévit dans l’arène, Gris Bordeaux n’y voit que du rose. «J’ai
foncé tout seul, mais lui a la chance d’avoir un frère lutteur qui l’encadre,
ce sont des atouts pour aller loin. Plus loin que son frère… Ton frère peut ne
pas être ton ami. Un ami, c’est celui avec qui l’on a les mêmes principes. Lui,
c’est mon ami.»
JAMAIS DEUX SANS TROIS
Toujours à Fass, il y a encore mieux
avec la famille Sow. Il y a Ouza, le pionnier, qui, avant de sombrer à cause de
sa frêle morphologie, a tracé le sillon à plusieurs lutteurs des Parcelles
Assainies. Parmi eux, son jeune frère, Papa Sow, moins fantasque, mais plus
réaliste et sérieux prétendant à la cour des grands. Dans une famille de grande
tradition sportive (leur père, Assane Sow, est un ancien lutteur tandis qu’un
de leurs frères, récemment décédé, était footballeur), la règle du jamais deux
sans trois est respectée jusqu’au bout. Ainsi, Ouza et Papa Sow ont un autre
frère qui noue le «ngimb» comme eux, Tapha Junior.
Dans la même lignée des triplés dans l’arène, il y a aussi
les fils de l’ancien champion sérère Robert Ndiaye avec Mamady, Mbagnick et
Ablaye Ndiaye. Le premier, plus âgé, coaché par Manga 2, le second sous les
ordres de l’écurie Ndakaru de Yékini, et le dernier qui vient de disputer son
premier combat en lutte avec frappe, il y a moins de deux semaines, encore sous
les ordres de son père dont il entend suivre les traces.
Enfin, il y a aussi les cas des Modou Lô dont le jeune
frère, Ablaye Lô, serait en train d’affûter ses armes pour faire ses premiers pas
et du petit frère du jeune Fassois, Lac Rose, Pape Ndoye, a déjà disputé deux
combats de moindre envergure.
Avec L’Observateur
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